Publié le Vendredi 23 janvier 2009 à 13h18.

Crise économique : le pire est à venir

Loin de juguler la crise, les États, en intervenant de nouveau pour subventionner les banques et les trusts, ne font qu’entretenir sa logique : suraccumulation de capitaux d’un côté, baisse de la consommation de l’autre.

Recul de la production, explosion du nombre de chômeurs, rebondissement de la crise bancaire et financière malgré les plans de sauvetage déjà engagés par les États… Le monde s’enfonce dans la crise.

Pour le seul mois de décembre, 11 4000 chômeurs supplémentaires ont été comptabilisés en Allemagne, 525 000 aux États-Unis, 4 500 chômeurs de plus par jour en Espagne. Ce ne sont que quelques exemples alors que les trusts annoncent, jour après jour, de nouvelles fermetures d’usines et de nouveaux plans de licenciements aux conséquences non encore enregistrées dans les statistiques. La récession est partout à l’ordre du jour, parallèlement à la baisse de la consommation et au recul des investissements qui anticipe cette baisse.

À l’origine de la crise financière et bancaire, il y a une suraccumulation de capitaux, une spéculation débridée qui s’est brutalement inversée dès qu’il est apparu que la machine à dégager les profits s’était étouffée elle-même en réduisant les capacités de consommation par l’intensification de l’exploitation et la baisse du coût du travail.

En intervenant pour tenter d’empêcher l’effondrement du système financier, à travers une première série de plans de sauvetage, les États et les autorités monétaires n’ont fait qu’entretenir la crise. Ils ont injecté des centaines de milliards d’euros ou de dollars dans les sociétés de finance, les banques, les trusts, pour combler leurs pertes, restaurer leurs marges, restructurer. Et ce, quelles que soient les déclarations d’un Sarkozy s’indignant des parachutes dorés ou des rémunérations des dirigeants, ou d’un Obama qui, aux États-Unis, prétend agir pour la création de quatre millions d’emplois. Tandis que 2,3 millions de ménages américains sont sous le coup de procédures de saisie de leur maison ou de leur appartement, 300 des 825 milliards de dollars que représente le nouveau plan de relance américain seront consacrés à des baisses d’impôts, dont 100 milliards pour les entreprises. General Motors et Chrysler, dont les ventes sur le marché américain s’effondrent, ont supprimé 100 000 emplois en trois ans aux États-Unis et ils ont déjà reçu de l’État quatre milliards de prêts, sans compter l’argent reçu au titre de leurs sociétés financières. Ils réclament trois milliards de plus, en affichant l’objectif de baisser les salaires de leurs ouvriers au même niveau que ceux de leurs concurrents japonais.

Quant aux banques, qui ont été renflouées de manière spectaculaire au cours des derniers mois de l’année 2008 dans la plupart des vieux pays industrialisés, elles n’en finissent pas d’annoncer de nouvelles pertes. Comme en Grande-Bretagne, où le gouvernement vient de décider d’un nouveau plan de sauvetage. Comme en Allemagne où, alors que Commerzbank vient de recevoir dix milliards d’euros supplémentaires, la Deutsche Bank, le plus grand établissement du pays, vient à son tour d’annoncer des pertes colossales de 4,8 milliards d’euros pour le dernier trimestre de 2008. Aux États-Unis, le gouvernement a été obligé de renflouer en urgence deux mastodontes bancaires, Bank of America (45 milliards de dollars), ainsi que sa rivale, Citigroup. Sans pour autant venir à bout de leurs pertes.

Les créances douteuses et les dettes absorbent, comme un gouffre sans fond, les subventions étatiques, alors que les licenciements et le chômage, le blocage et la baisse des salaires entretiennent la chute de la production en entraînant la baisse de la consommation.

En creusant leurs déficits de manière colossale – plus de 1100 milliards de dollars prévus aux États-Unis en 2009, près de 80 milliards d’euros en France –, les États compromettent leurs capacités à emprunter. Les plus faibles comme la Hongrie, mais aussi l’Irlande, la Grèce ou le Portugal, sont menacés de faillite…