Volkswagen vient d’accepter de verser 13,2 milliards d’euros en « compensation » de son trucage révélé à l’automne dernier par le scandale des moteurs diesel. C’est le jackpot pour les 600 000 acheteurs qui pourront recevoir entre 11 000 et 40 000 euros selon le type de voitures en cause. Encore plus fort, cette somme n’est pas le résultat d’une condamnation, mais une transaction proposée par Volkswagen.
On sait maintenant que tous les constructeurs automobiles ne respectent pas les normes, que ce soit grâce à un logiciel truqué ou avec des tests complaisants en laboratoire très différents de la circulation réelle. Selon Transport et Environnement, l’ONG à l’origine de la découverte du scandale, les émissions réelles de CO2 sont en 2014 en Europe supérieures de 40 % aux normes, alors que cet écart n’était que de 7 % en 2001.
Aux États-Unis, Volkswagen passe à la caisse. En Europe, le règlement communautaire de 2007 qui fixe les procédures de contrôle en matière d’émissions des moteurs diesels autorise expressément les constructeurs automobiles à brider les tests dès lors qu’ils l’estiment « nécessaire », notamment « pour la longévité de leurs moteurs ». C’est avec ces dispositions que Volkswagen et ses compères concurrents échappent en Europe aux demandes d’indemnisation.
Le droit à polluer et à tricher
Les États-Unis sont bien sûr les premiers exploitants de gaz de schiste et restent les plus gros consommateurs des plus grosses bagnoles de la planète. Dans leur univers impitoyable, tout s’achète et se vend, y compris le droit à polluer et à tricher : Volkswagen propose une transaction de 13 milliards d’euros pour s’éviter un procès. Et cela ne bouscule pas sa rentabilité... au moment où toutes les grandes firmes automobiles imposent aux salariés les mêmes politiques d’austérité !
La pollution de l’air aux particules fines, dont les transports routiers sont parmi les principaux émetteurs, est responsable de 48 000 décès en France chaque année. C’est devenue la troisième source de mortalité après le tabac et l’alcool. La vie de toutes et de tous est une affaire trop sérieuse pour laisser aux « maîtres » de l’industrie automobile le pouvoir d’en décider !
Jean-Claude Vessillier