Publié le Samedi 29 novembre 2025 à 09h00.

Soutenir la lutte chez Valeo en Pologne

En Pologne, une grève totale a bloqué la semaine dernière la production des usines Valeo de Chrzanów, Trzebinia et Mysłowice. La principale d’entre elles, à Chrzanów, emploie 2 500 salariéEs et produit les systèmes d’éclairage avant et arrière de voitures de plusieurs grandes marques en Europe, toutes aujourd’hui potentiellement impactées par cette grève.

Valeo est une entreprise importante en Pologne, y employant 7 000 salariéEs. C’est, rappelons-le, le 11e équipementier automobile mondial, un des principaux fleurons français du secteur.

Le respect commence par le salaire

Le mouvement est organisé par « Août 80 », un syndicat combatif né d’une scission de Solidarność (qui est désormais totalement aligné sur les positions patronales). Un référendum, obligatoire par la législation en vigueur, s’est conclu par plus de 90 % en faveur du déclenchement de la grève. Les revendications portent notamment sur des augmentations de salaire, 1 000 zlotys soit 235 euros. Mais le mouvement, préparé depuis plusieurs mois, a mis au grand jour les conditions de travail déplorables et le mépris dont la hiérarchie de l’usine fait preuve à l’égard des ouvrierEs.

« Le respect commence par le salaire », ce mot d’ordre inscrit sur une banderole placée devant l’entrée de l’usine illustre ce qui est à la racine de la grève. « Les gens s’évanouissent à cause de la chaleur aux machines, et vous devez demander une pause. Nous sommes contrôlés tout le temps, même en allant aux toilettes, le temps est mesuré avec un chronomètre à la main. C’est un camp de travail, pas une usine moderne » — rapporte l’un des travailleurs de la production.

Un « cessez-le-feu » jusqu’au 8 décembre

Face aux grévistes, Valeo a utilisé l’arsenal des briseurs de grève : appel à des boîtes de milice privée, recours à une main-d’œuvre intérimaire contrainte de travailler 12 heures par jour, contournement des entrées de l’usine bloquées par les grévistes, hélicoptères pour assurer le transport des pièces, menaces de licenciements et… agressions physiques de grévistes. Sans oublier le chantage à la délocalisation de la Pologne vers la Roumanie, comme quoi les délocalisations ne sont pas à sens unique et s’inscrivent dans la logique de la concurrence patronale du tous contre tous.

Les ouvrierEs de Valeo rencontrent un appui venant à la fois d’autres entreprises voisines et de la population environnante, qui apporte bois de chauffage et boissons chaudes, bien utiles pour tenir les piquets de grève dans les gelées de novembre.

Dans ce contexte, la direction de Valeo a été amenée à accepter l’ouverture de négociations, ce qui leur était refusé depuis plusieurs mois. En réponse, le syndicat Août 80 a annoncé la suspension de la grève — pas la fin du conflit — mais un « cessez-le-feu », selon sa propre expression, jusqu’au 8 décembre.

À Paris, solidarité avec les ouvrierEs de Valeo Pologne

La lutte continue. Des contacts ont été pris avec des syndicats en France. SUD Industrie, la CGT Valeo et FO Valeo ont apporté leur soutien. Comme décidé depuis plusieurs jours, les ouvrierEs de Valeo Pologne vont interpeller directement la direction de ce groupe français mondialisé dont le siège est à Paris. À une trentaine, ils viennent à Paris mercredi 26 novembre et participent ce jour-là à un rassemblement militant devant le siège du groupe.

À l’heure de la montée des nationalismes aux relents nauséabonds, tant en France qu’en Pologne, il n’y a pas de meilleur antidote que cette solidarité concrète par-delà les frontières contre un même patron. Encore faut-il comprendre qu’à contre-courant des vents dominants, une telle solidarité ne s’affirme pas spontanément, mais n’est rendue possible ici en France que par des militantEs maintenant au cœur du mouvement ouvrier les exigences internationalistes.

Un grand salut aux ouvrierEs de Valeo en Pologne et à leur syndicat Août 80 : leur lutte continue. Ils peuvent et doivent gagner !

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