On se souvient des déclarations et appels qui avaient fleuri au 1er semestre 2020 sur les impasses du modèle de croissance. Tout cela, comme c’était prévisible, est bien oublié aujourd’hui, et la principale préoccupation des dirigeants des différents États est la remise en route des économies sur une route quasi-identique à celle d’avant la pandémie, alors même que celle-ci n’est pas terminée et pourrait connaitre de nouveaux rebondissements.
Les marchés financiers ont retrouvé les niveaux d’avant-crise et certains les ont même dépassés. En France, le CAC 40 a quasiment retrouvé le sommet atteint en février 2020 : une « convalescence » éclair alors qu’elle avait été beaucoup plus lente (12 ans) après le choc de 2007-2008. Certes, ces évolutions sont en partie artificielles. Les cours sur les marchés financiers continuent d’être dopés par les monceaux de liquidités déversés par les banques centrales en direction des banques commerciales et indirectement des grandes entreprises et des États.
Inégale « reprise »
Néanmoins, les prévisions économiques annoncent un rebond plus ou moins marqué de l’économie mondiale, avec une croissance qui pourrait atteindre 5,6% en 2021 selon l’hypothèse moyenne de l’OCDE. C’est cependant très incertain. Si la Chine, l’Inde et les États-Unis redémarreraient fortement, dans beaucoup de pays, ce scénario ne signifierait pas un effacement de la récession de 2020 : c’est en particulier le cas de la zone euro, de la Grande-Bretagne, du Japon, du Brésil, de l’Afrique du sud…. De plus, cette reprise sera inégale : l’industrie aéronautique, l’automobile, le tourisme, etc., auront encore une année difficile. Et, mais ce n’est pas la préoccupation première des dirigeants, les ravages sociaux de la crise resteront élevés : chômage (en partie masqué dans certains pays par le découragement de travailleurEs qui renoncent chercher des emplois inexistants ou encore plus précaires qu’avant la crise), explosion des inégalités (les milliardaires sont de plus en plus riches comme le montrent toutes les données internationales) et plongeon d’une partie de la jeunesse (déscolarisation, courses aux emplois précaires, etc.). Quant au coût écologique, il sera comme avant considérable !
5,7 millions d’inscritEs à Pôle emploi
En France, après la récession de 2020 (-8,2% pour le PIB), l’OCDE s’attend à une croissance de 5,9%. La situation de l’industrie est très diverse : chimie et pharmacie produisent plus qu’au début de 2019 (+ 25% pour la pharmacie en janvier 2021 par rapport à février 2020) ce qui n’empêche pas les patrons de supprimer des emplois comme chez Sanofi. En moyenne, la production industrielle de janvier 2021 est inférieure de 3% à son niveau d’un an auparavant. Du côté du chômage, 5,7 millions de personnes étaient inscrites à Pôle emploi au 4e trimestre 2020, dont 3,7 millions n’avaient aucun travail même à temps très partiel. Près de 50% des demandeurEs d’emploi sont inscrits depuis un an ou plus ce qui montre une fois de plus qu’il ne suffit pas de « traverser la rue » pour trouver un travail. C’est le chômage des moins de 25 ans qui a le plus progressé : les jeunes ont à la fois de plus en plus de difficulté à trouver un emploi et sont particulièrement touchés par les suppressions d’emplois touchant l’intérim et les CDD. Tout cela n’empêche pas Macron de ne pas vouloir renoncer à sa réforme de l’assurance-chômage dont la seule logique est de faire des économies sur le dos des chômeurEs.
Pour les travailleurEs et les chômeurEs, la réalité de cette « reprise » capitaliste est loin d’être brillante. D’autant que sur le front de la pandémie, la situation reste grave en Europe et dans d’autres pays avec une troisième vague qui s’annonce. Les grandes entreprises, soit prospèrent, soit tirent leur épingle du jeu grâce aux aides d’État. Le Monopoly des restructurations et fusions a repris. Les plans de licenciements fleurissent. Et les contradictions structurelles du capitalisme du XXIe siècle perdurent : océan de dettes des entreprises et des États qui pourrait conduire à une crise financière et faiblesse des gains de productivité. Ce dernier aspect signifie que pour maintenir les taux de profit, les capitalistes n’ont d’autre carte que la hausse du taux d’exploitation par la compression des salaires et les suppressions d’emplois quelle qu’en soit la forme. Reprise ou pas, le capitalisme mine les conditions de vie de la majorité de la population.