Déjà réunis la semaine dernière, les créanciers ou plutôt les usuriers de la Grèce n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur la façon de continuer à tirer le maximum de profits de leur victime exsangue, ruinée par leurs saignées. Lundi dernier, après 14 heures de discussion, ils ont dû se résigner à débloquer les 44 milliards d’aide qu’ils refusaient de débloquer depuis l’été, la condition pour que l’État grec ne soit pas mis en faillite. Ils ont aussi entériné un allègement d’environ 40 milliards d’euros du fardeau de la dette. Un allègement minime fait de mesures techniques mais surtout pas un effacement, une annulation qu’ils refusent et combattent. L’accord réduit de 1 point le taux d’intérêt accordé à la Grèce par ses créanciers publics. Il rallonge les échéances de ces prêts de 15 à 30 ans, c’est-à-dire au-delà de 2040. Il reporte de dix ans le paiement des intérêts au FESF. Dès 2013, la BCE et les banques centrales nationales devraient rétrocéder quelque 11 milliards de profits réalisés sur les obligations grecques. L’Eurogroupe autorise enfin Athènes à racheter ses propres titres, avec une décote probable autour de 60 %.Christine Lagarde a affiché l’optimisme de service : « la Grèce est à nouveau sur la voie d’une dette viable ». Sinistre mensonge même du point de vue des usuriers. Les mesures prises ne peuvent rompre la logique infernale dans laquelle ces derniers ont plongé la Grèce. De fin 2008 à fin 2012, le PIB aura dégringolé d’au moins 21 %. Les investissements productifs se sont effondrés. Le chômage explose et la misère se répand. Les usuriers de la Grèce ne se préoccupent que de continuer à prélever leur part de richesses sur « la chair » du peuple grec.Yvan Lemaitre
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