En Grèce, l’État est au bord du défaut de paiement et des risques similaires existent en Espagne ou au Portugal. L’Union européenne est donc face à un dilemme : venir en aide à ces pays, ce qui implique des milliards d’euros ; les laisser gérer cette situation, ce qui met en danger la crédibilité de la zone euro, voire le projet d’Union européenne. L’intervention des États pour sauver les systèmes financiers des USA et de l’UE a déjà atteint depuis le début de la crise un quart du PIB mondial, mais la seule reprise évidente est celle de la spéculation.
En permettant pour un temps de contenir l’ampleur de la crise, la stratégie des États se retourne aujourd’hui contre eux. Les dirigeants sont divisés, aucun pays n’est épargné. Face à l’ampleur du problème, Sarkozy a organisé la semaine dernière une conférence sur le déficit. Avec une dette et un déficit publics estimés pour 2010 à respectivement 83,2 % et 8,2 % du PIB, l’objectif devient la « tolérance zéro ».
Le discours démagogique de Sarkozy alliant contestation de la finance débridée et intérêt national est mis à l’épreuve des faits : faire payer le monde du travail. La crise économique entraîne donc également une crise politique. Il devient difficile de faire apparaître l’État comme une solution alors qu’il est le problème.
Que les gouvernements soient de droite ou de gauche, partout les populations subissent aujourd’hui des attaques sur les salaires et les services publics, une répression accrue sur les mouvements contestataires, une offensive raciste afin de désigner des boucs émissaires et cimenter une adhésion nationale face aux tensions croissantes entre les États.
Derrière chaque attaque pour renflouer les caisses apparaît un choix de société : qui doit payer pour la crise ? Qui doit décider de notre avenir ? L’attaque sur le système de retraites comporte ainsi un enjeu économique, idéologique et politique majeur. Face à cela, plus que jamais, nous devons « tout changer, rien lâcher ».
Vanina Giudicelli