À écouter la communication ministérielle, cette rentrée 2017 s’est bien passée : des CP à 12 élèves par classe pour permettre de mieux apprendre, des moyens pour les établissements en difficulté, le rétablissement des options supprimées par la réforme du collège du gouvernement précédent…
La réalité est très différente. Les classes sont surchargées, les seuils d’élèves par classe en éducation prioritaire ne sont plus respectés, rien n’a été fait pour faire face à l’augmentation démographique.
Des établissements qui ne peuvent pas fonctionner
Au manque de personnel s’ajoute le licenciement des contrats aidés, un des plus grands plans sociaux de l’histoire du pays. Certains établissements sont dans l’incapacité de pouvoir fonctionner. Au lycée Saint-Exupéry dans les quartiers nord de Marseille, ce sont ainsi 28 personnes qui étaient menacées de se retrouver sans emploi. La grève de l’ensemble des personnels a permis d’obtenir que la plupart des collègues soient réembauchés et que certainEs obtiennent des conversions en contrats moins précaires.
Évidemment, ces suppressions massives de postes touchent avant tout les établissements des quartiers populaires, puisque ce sont ceux qui ont le plus besoin de personnel pour pouvoir fonctionner correctement.
Nombreuses grèves
Contre ces conditions de rentrée inacceptables, les enseignantEs et les personnels se sont rapidement mobilisés. La rentrée a été marquée par plusieurs mouvements de grèves reconductibles, notamment en Seine-Saint-Denis. Ainsi, au lycée Suger de Saint-Denis, dès la prérentrée, les membres de l’équipe se sont mobilisés contre la mutation forcée d’un de leurs collègues, Pascal Stoller. Il s’agit d’un cas emblématique de répression puisque c’est ce même lycée qui l’an dernier s’était mobilisé avec deux semaines de grève suite à l’agression d’un assistant d’éducation, en réclamant non pas des caméras ou des interventions de police mais plus de moyens humains…
Les lycées de Sevran et Villepinte ont eux aussi connu des mouvements de grève, et rejoint dans la mobilisation ceux qui avaient démarré à la rentrée, comme le lycée de Plaine Commune. Dans d’autres départements les établissements se mobilisent, comme à Argenteuil, Sarcelles (95), à la cité Voltaire dans l’est parisien... Fait notable : certains collèges entrent également en mouvement, comme à Garges-lès-Gonesse ou Colombes (92). À Grenoble, le collège Vercors, REP, entame déjà sa deuxième semaine de grève ! À Vaulx-en-Velin, ce sont des écoles, pourtant REP+, qui se sont mobilisées contre l’enfumage de la mise en place des CP à 12.
Coordination et convergence
Une des caractéristiques de ce mouvement est la compréhension qu’il est nécessaire de se coordonner entre établissements, alors que les rectorats et le ministères ont toujours tenté de jouer la division en prenant à un pour donner à un autre… C’est un des enseignements tirés de la lutte de l’an dernier autour du collectif « Touche pas à ma Zep », et ce n’est pas un hasard si ce sont les établissements membres de ce collectif qui ont été à l’initiative d’un début de coordination. Une plate-forme revendicative commune a ainsi pu être établie autour de la question des sureffectifs, du manque de personnel et de la volonté de la hiérarchie de briser des équipes éducatives solidaires.
Cette convergence a permis de construire dans la manifestation du 12 septembre un cortège des établissements mobilisés, dynamique, qui a permis de renforcer encore les liens entre les différentes équipes. L’AG qui s’est réunie par la suite a voté à nouveau pour constituer un cortège d’enseignants mobilisés dans la manifestation du 21 septembre, avec un rendez-vous le matin devant le ministère de l’Éducation nationale.
C’est là sans doute un des acquis majeurs des dernières mobilisations : converger avec les autres secteurs en lutte, ce n’est pas « noyer ses revendications », mais c’est au contraire le meilleur moyen de construire et développer les luttes dans son secteur.
David (92)