Qui dérange au moins Mme Pécresse qui prend très au sérieux la charge de gestion des lycées en tant que présidente de la Région Île-de-France. On s’en est bien rendu compte au lycée Angela-Davis à Saint-Denis.
Quand l’établissement a ouvert en septembre 2017, il manquait de tout, des chaises, des moyens informatiques, la wifi… et le nom, puisqu’il était désigné comme le lycée de Plaine Commune. Une assignation à un territoire et sa population jeune, pauvre, venue des 4 coins du monde. Pas la première préoccupation du Conseil régional.
La communauté pédagogique a dû batailler pour tout. C’est donc comme une évidence que se sont imposés dans la discussion autour du nom, des figures de combattantes contre les discriminations, pour la justice sociale, comme Gisèle Halimi, Rosa Parks et Angela Davis. À l’issue d’un processus de délibération, c’est ce nom qui a été choisi en 2018, pour sa singularité : une femme militante féministe, antiraciste et communiste. Tout ce que la droite et l’extrême droite exècrent.
Un lycée oublié par la Région
En cinq ans, le nom du lycée n’a jamais été validé par la Région alors qu’il l’a été à la mairie et au rectorat. Et la Région a continué à « oublier » les besoins du lycée.
À la rentrée 2022, les toilettes des élèves ont été fermées pendant deux mois, avant que la région n’entame les travaux minimum. Les personnels dépendant de cette collectivité en sous-effectif chronique ont multiplié les relances et menaces de débrayage pour obtenir une partie des remplacements indispensables au fonctionnement du service. Pourtant, en pleine mobilisation pour défendre les retraites, Mme Pécresse s’est souvenue du lycée en annonçant sa volonté de le nommer Rosa-Parks. À la demande du rectorat, la communauté éducative a donc revoté le 21 juin, parents, élèves, enseignantEs, confirmant le nom d’Angela-Davis. Et « démocratiquement », Valérie Pécresse a fait acter par sa majorité le nom de Rosa-Parks.
Quand le nom d’un établissement devient le symbole du mépris des choix de la population et se double d’une volonté d’opposer symboliquement deux femmes militantes de l’émancipation, la seule réponse possible, c’est d’unir les énergies pour imposer le respect de ces combattantes inlassables et inspirantes.