Publié le Mardi 14 mai 2019 à 08h09.

Air France : 4 millions d’euros pour du low cost…

Le nouveau PDG canadien, payé plus de 4 millions d’euros1(contre un million pour son prédécesseur obligé de partir suite à son referendum perdu) avait promis monts et merveilles : las, le néo libéralisme ne sait que proposer toujours la même recette : baisser les salaires, précariser les salariéEs, supprimer les emplois.

Cette fois ce sont les escales de province qui sont attaquées, particulièrement Marseille (63 postes supprimés sur 384), Bordeaux (37 sur 93), Bastia (50 sur 148), Ajaccio (54 sur 158)… Toutes les escales du réseau court courrier sont touchées, poursuivant un processus entamé depuis plus de 15 ans où les départs n’étaient pas remplacés, le personnel ayant une moyenne d’âge de 50 ans… Ce plan de départs volontaires fera ainsi office, pour certainEs, d’une mise en préretraite anticipée, les indemnités chômage étant là pour faire la soudure. En tout, 465 emplois supprimés sur un effectif de 3236 sur les escales Orly et province. 

Lutter contre le low cost par le low cost

La direction Air France répond qu’elle va embaucher d’ici 2021, mais c’est surtout chez les navigants et pour remplacer les départs en retraite. Les effectifs prévus sont :

+ 250 pilotes (sur 3975) ; + 300 hôtesses et stewards (sur 12 500) et, en revanche, - 600 personnels au sol (sur 24 550). Le transport aérien poursuit pourtant sa croissance, mais l’enjeu est de toujours baisser et précariser les salariéEs. C’est le modèle low cost qui s’impose de plus en plus sur le court courrier dans l’espace européen. Moins de problèmes de sécurité car il y a un aéroport de dégagement tout proche, des lois européennes permettant les travailleurs indépendants comme chez Ryan Air, un SMIC de rigueur et des temps partiels pour les autres. 

Air France lutte contre les low cost en développant son propre low cost : Transavia.  Le développement de Transavia est limité actuellement à 40 avions, par l’accord avec les pilotes. Le PDG est en pleine négociation pour faire sauter ce seuil, en échange de quoi les pilotes pourraient, sous statut Air France, piloter les avions de Transavia, voire, comme maintenant, avoir une accélération de carrière. 

Par contre la maintenance au sol et l’assistance commerciale, sont low cost. Et les passagerEs, si ils et elles profitent de prix moins chers (pas toujours), sont parfois maltraités, avec des queues interminables à l’enregistrement, sans pouvoir s’asseoir, de gros soucis en cas de panne avion… Quand tout va bien, ça va, par contre s’il ya un pépin… De toutes façons, les vrais riches ont de plus en plus recours à l’avion taxi, tellement plus pratique (pas de queues, de fouilles humiliantes, on part à l’heure qu’on veut…).

Des effectifs plus réduits à qui on demande de faire toujours plus, la recette est connue… et va provoquer de nouveaux conflits. Avec en ce moment une recrudescence de sanctions individuelles contre les salariéEs rebelles.

Le tout sur fond de grandes manœuvres dans le secteur, entre autres pour le contrôle des aéroports. Avec jeudi 9 mai l’annonce que le conseil constitutionnel valide le référendum d’initiative partagée sur la privatisation d’Aéroport de Paris, ouvrant la voie à la récolte des 4.7 millions de signatures nécessaires. Une procédure qui bloque la privatisation pour au moins 6 mois. L’action ADP a chuté de 10%. Celle d’Air France ne va pas mieux. 

Jet Aelys

  • 1. La rémunération de Benjamin Smith, nommé directeur général du groupe Air France-KLM, pourra atteindre un montant maximum de 4,25 millions d'euros par an.