Jeudi 18 mars, plusieurs milliers de salariéEs ont défilé sur l'aéroport de Roissy. Principalement des salariéEs d'entreprises sous-traitantes, protestant contre la suppression de milliers d'emplois.
Plusieurs terminaux de l'aéroport sont toujours fermés depuis un an. Malgré l'indemnisation du chômage partiel certains entreprises en profitent, à commencer par Air France et Aéroports de paris (ADP), et demandent de renégocier à la baisse, entre 10 et 20%, tous les contrats. Une pression qui, du coup, touche toutes les entreprises à forte main-d’œuvre : bagagistes, employés de la sûreté, du nettoyage, agent d'accueil, etc…
Une mobilisation remarquable
L'objectif est de baisser les salaires, par exemple en fermant une entreprise où les salariéEs ont plus de 40 ans et en créer une nouvelle avec des jeunes et plus bas salaires. Avec l'exemple du groupe WFS, candidat à la reprise de sa propre filiale CBS, qui gère les bagages pour Air France, avec à la clé 195 licenciements.
Les travailleurEs de la sous-traitance dénoncent le fait qu'Air France reçoit des aides pour maintenir ses emplois et en profite pour financer des plans de départ volontaires massifs sous forme de préretraites, mais n'aide pas ses sous-traitants bien au contraire.
ADP, l'autre grand donneur d'ordres de la plate-forme, négocie lui aussi le départ de milliers de ses salariéEs, la baisse des congés et des primes, et bien sûr le passage à la sous-traitance des activités touchées… malgré les confortables bénéfices des années passées qui en faisaient une entreprise à privatiser.
Les difficultés de mobilisation sont liées au fait que de nombreux et nombreuses salariéEs sont au chômage partiel depuis un an et se rencontrent peu. La manifestation du jeudi 18 mars, où tous les syndicats appelaient, à l'exception notable de la CFDT, n'en est que plus remarquable. Et en appelle d'autres.
Les colères éclatent
En parallèle se déroulait, dans le principal hangar d’Orly, où deux Boeing B777 d'Air France étaient en révision lourde pour un mois, une autre mobilisation. Là, depuis la veille, touTEs les salariéEs travaillaient au ralenti, observant les gestes barrière : tu ne touches pas à un outil s'il n'est pas désinfecté, tu ne travailles pas à moins de deux mètres d'un autre….
Cette mobilisation générale, pas vue depuis plusieurs années, fait suite à une demande de sanction pour non port du masque. Les salariéEs l'enlevant provisoirement entre deux travaux à l'intérieur de l'avion. La veille, une assemblée s'était réunie, pendant laquelle les salariés exprimaient un ras-le-bol : « En mars-avril la plupart des cadres se sont enfuis, on s'est retrouvé seuls à maintenir les avions, il n'y avait pas de masques. Et maintenant vous voulez nous donner des leçons ? Confortablement installés dans vos bureaux ? Moi si je travaille en soute avion avec le masque et mes lunettes, au bout de cinq minutes je ne vois plus rien. Comment je fais ? » Le responsable, de la race des nouveaux ingénieurs, lisses et experts en novlangue, en est resté coi…
La direction a cédé en 24 heures. Fait notable, l'absence de la quasi totalité des syndicats à l'exception de Sud aérien.
En parallèle de cette réaction massive, un jeune, mis à pied avec solde depuis un mois, était reçu pour un entretien préalable à une éventuelle sanction. Il lui est reproché de refuser le nouvel horaire comportant des nuits. Il s'appuie sur l'inspection du travail et la loi. La direction n'en revient pas. Elle qui pensait faire des gains de productivité avec le départ des anciens voit un jeune reprendre le flambeau de la résistance !
Des signes annonciateurs d'un printemps des luttes, mais il est vrai lié aussi à l'activité. À Orly, le planning de travail est rempli jusqu'à décembre.