L’entreprise a annoncé 6500 suppressions d’emplois sur les 41000 que compte la compagnie. Et quasiment la moitié pour sa filiale régionale Hop !, avec 1020 sur 2140.
Hier une centaine de manifestants étaient réunis devant le siège d'Air France à Roissy. Avec des délégation de nombreuses entreprises de la plate-forme. À l'appel de la cgt, du syndicat de pilotes alter et de sud aérien, tous deux membres de Solidaires. Des élus aussi représentants le maire de Tremblay. La direction d'air France, toujours aussi craintive de ses salariés, a déplacé au dernier moment le conseil économique et social central, dans une petite salle au sous-sol de la direction commerciale à Montreuil. Ce centre est prévu être fermé bientôt et transféré avec ses salariés à Roissy. Comme le centre informatique de paray et ses 400 salariés. Deux centres votant majoritairement cfdt et Cgc. Ils sont les premières victimes. Tout un symbole.... Plusieurs escales de province sont aussi menacées, Bordeaux, Nantes...
Nouveauté, Air France annonce que les départs seront volontaires sauf pour le court courrier, qui est la principale cible et où il pourrait y avoir des licenciements !
En parallèle se tenait le CSEC de Hop à Nantes. La compagnie régionale propriété d'Air France est le produit de la fusion de trois compagnies régional, brit air et airlinair. Et se voit menacée de disparition. L'ensemble des élus a boycotté cette réunion factice. Le centre de maintenance de Morlaix était en grève ce jour contre sa fermeture et la disparition de 260 emplois. Même inquiètude à Clermont Ferrand et à Lille.
Sans surprise, la rentabilité avant tout
La stratégie du PDG Smith – recruté et payé à prix d’or – apparaît comme strictement ultralibérale. Et sans grande imagination : d’un côté, Air France serait réduite au hub de Roissy et aux lignes intercontinentales ; de l’autre, la low cost Transavia serait développée pour les liaisons intérieures et européennes et l’aéroport d’Orly peu à peu transformé en aérogare, également low cost. Les créneaux Air France passeraient à Transavia et les lignes Antilles et Guyane à Air Caraïbes (du groupe Dubreuil, apparemment de bons copains…). En gros : on coupe les branches les moins rentables pour faire monter le prix de l’action, mais ce faisant, on met en péril l’arbre tout entier…
Tout cela se fait donc au prix de milliers de suppressions d’emplois à Air France et Hop !. La plupart des entreprises des aéroports accompagnent ce mouvement, en dénonçant les accords qui s’appliquent et en proposant de nouveaux accords de compétitivité, incluant baisses de salaires et précarisation du temps de travail. Actuellement, les aéroports tournent au ralenti, les salariéEs étant pour la plupart au chômage partiel. Gouvernement et patronat profitent donc de la situation pour attaquer.
La rentrée sera assurément chaude, les syndicats présents prenant l’engagement de réunir touTEs les salariéEs des différentes entreprises dans une riposte commune. Les revendications sont le maintien des emplois et des salaires, une amélioration des conditions de travail (dans un secteur où les accidents sont nombreux) et la baisse du temps de travail.
Une destruction de l’emploi au nom de l’écologie ?
L’argument écologique est utilisé pour fermer une partie des lignes Air France. Mais, comme les créneaux seront récupérés par les compagnies low cost pour développer leurs parts de marché de manière très agressive (et souvent avec les subventions des Régions), le bilan carbone n’y gagnera rien. Et surtout pas les salariéEs, de plus en plus uberiséEs et flexibiliséEs (les ordonnances Macron trouvent leur pleine application…). Dernière trouvaille en date : un chômage partiel longue durée qui court jusqu’à 2023. Du bonheur pour les patrons : ils concentrent le travail sur le moins possible de salariéEs, les autres étant au chômage et habituéEs petit à petit à vivre avec 20% de salaire en moins…
En quoi consisterait une politique vraiment écologique et sociale ? Elle passerait obligatoirement par un pôle des transports nationalisé, réunissant rail, route et aérien afin de pouvoir les combiner et mettre en place les liaisons les plus utiles et cohérentes. Cela permettrait également d’assurer le meilleur niveau de sécurité et de service pour les passagerEs, à propos desquelLEs on oublie souvent qu’au nom d’une certaine baisse des prix (compensée par des tarifs hôteliers en hausse), on les maltraite de plus en plus (temps d’attente de 3h sans pouvoir s’asseoir à l’embarquement, plus aucun service à bord, en cas de souci tapez 2 ou 3 ou…).
N’oublions pas non plus le secteur des ultrariches, source de pollution gigantesque avec leurs flottes d’avions et de taxis personnels, defiscalisés et sans aucune limitation ni contrôle. À l’image d’un certain avion transportant la malle dans laquelle Carlos Ghosn échappait à la justice pour se réfugier dans un paradis fiscal et juridique…