Publié le Mardi 1 décembre 2015 à 10h35.

Air France : Faire le procès des vraies violences faites aux salariés

À Air France, le révélateur qu’a constitué la geste de la chemise arrachée du DRH continue de produire ses effets...

Ainsi la rumeur qui s’est rapidement propagée : De Juniac, PDG d’Air France-KLM, en pleine crise liée aux attentats, serait parti en première pour New York aller faire la fête avec acteurs de cinéma et journalistes, et se faire remettre un prix par Mme Lagarde, son ancienne patronne au ministère des Finances... Un voyage bien réel, mais pas avec des acteurs, et surtout motivé par le désir de la direction d’Air France de faire une tournée mondiale pour essayer de redresser son image de marque. Las, la tournée a viré court, avec la prise d’otages de Bamako au Mali et la présence de l’équipage Air France dans l’hôtel. De Juniac a été obligé de prendre le premier avion pour accueillir à leur retour sur Paris pilotes, stewards et hôtesses, heureusement sains et saufs. Il a joué la comédie du dirigeant préoccupé du sort de ses salariéEs... Ces mêmes salariéEs qu’il menace de licenciement par milliers !

Un début de mise en pratique est là, avec l’annonce du licenciement des 5 salariés du Fret Cargo et de un de la Maintenance Avion, tous mis en cause dans la bousculade du 5 octobre. Le gouvernement et le patronat ne leur pardonnent pas ce crime de lèse-majesté, de peur qu’il fasse école et montre la voie de la révolte, voire de la révolution. La violence de la politique patronale quoi. Mais dans le même temps la direction a dû reculer sur l’application du plan, offrant de négocier jusqu’en janvier 2016, alors qu’à l’origine tout devait être mis en œuvre dès ce mois d’octobre...

Le choc et l’horreur des attentats ont temporairement gelé la situation. Les débrayages les 19 et 20 novembre en soutien aux collègues licenciés ont été très minoritaires. Cela avec des discours parfois surprenants, tel le secrétaire de section CGT à l’industriel expliquant devant les 80 grévistes que la direction avait choisi au hasard les salariés incriminés grâce à des vidéos où l’on ne voyait pas grand-chose, mais qu’elle avait fait erreur, car ce n’était pas eux les vrais coupables... Comme si les vrais coupables, ce n’était pas ces patrons qui veulent régner par la terreur sur les salariés et les répriment impitoyablement en cas de révolte.

Ce 2 décembre, répondre à l’offensive de la direction

Pour autant, l’intersyndicale centrale reste unie et s’est adressée à la direction lors du Comité central d’entreprise du 19 novembre, lui demandant de lever les licenciements et sanctions en signe d’apaisement. Un CCE que la direction a délocalisé à Paris, gardé par de nombreux vigiles... La direction, plus préoccupée de profiter du climat de guerre pour ­poursuivre son offensive anti-ouvrière, n’a pas saisi l’occasion d’apaiser le climat au risque de dégrader encore un peu plus son image déjà bien terne.

Un personnel au cœur des attaques patronales, mais aussi cibles potentielles des attaques terroristes.

L’intersyndicale appelle à venir manifester le 2 décembre devant le tribunal de Bobigny lors du procès des 5 du secteur cargo : pour en faire le procès des vraies violences faites aux salariés ; pour que le bien-être social soit la réponse à la crise que nous traversons.

La réponse patronale est la guerre, et elle s’alimente du terrorisme de mort de Daesh. Ainsi, la police a déclenché des perquisitions dans plusieurs entreprises de l’aérien, fouillant les vestiaires des salariéEs. Au Cargo Air France, chez Federal Express, dans l’entreprise de restauration aérienne Servair, une autre filiale d’Air France... Tout cela pour trouver au final quelques tapis de prière, ainsi que des produits de l’entreprise qui va ainsi porter plainte pour vol ! L’état d’urgence et la lutte antiterroriste, autant d’occasions pour nos gouvernants de reprendre l’offensive, aussi pour terroriser les salariéEs.

Correspondant