Ce vendredi 27 mai à Bobigny, passeront en procès 16 salariés d’Air France qui, comme les Goodyear, sont visés par la criminalisation des grèves et des manifestations ouvrières.
Le 5 octobre dernier, après l’annonce par la direction d’un plan de 2 900 suppressions de postes, une manifestation était organisée le jour de la tenue du CCE (comité central d’entreprise). Plus de 2 500 salariéEs étaient rassemblés. Mais la direction s’était préparée : elle avait fermé les grilles d’accès au site et fait installer des caméras la veille et dans le plus grand secret (sans prévenir le CHSCT, alors que c’est obligatoire). Elle avait engagé des vigiles alors que l’immixtion d’une société de sécurité privée dans un conflit du travail est illégale. Elle avait même été jusqu’à modifier la configuration de la salle pour mettre ses dirigeants le plus près de la sortie !
Les grilles fermées n’ont pas tenu très longtemps. Les salariéEs ont alors investi le CCE, comme souvent dans le passé, avec pour objectif d’exprimer leur mécontentement aux dirigeants. Mais en entrant dans la salle, surprise : le PDG avait fichu le camp sans demander son reste. Et le DRH resté sur place, plutôt que de jouer son rôle et de s’adresser aux agents venus le rencontrer, a lui aussi cherché à s’enfuir, protégé par deux vigiles. Il s’en est suivi une bousculade, diffusée en direct à la télévision, qui fait deux victimes : deux chemises arrachées, celle du DRH et d’un autre cadre dirigeant...
On voit l’inconséquence et la duplicité d’une direction qui a tout fait pour que les choses s’enveniment, espérant mettre de nouveau les pilotes en accusation et diviser le personnel. Le monde politique et patronal, Valls en tête, dénonçait de suite les « voyous » et regrettait que cela « ternisse l’image de la France »... Mais à l’inverse, le monde du travail se marrait devant ces images d’un DRH torse nu qui chutait avant d’escalader péniblement une grille, toujours encadré par deux vigiles, redonnant alors des couleurs à un mouvement social atone en cet automne 2015.
Stoppons la répression
La direction a depuis modéré ses suppressions de postes. Elle a aussi attribué une prime exceptionnelle, qui, avec l’intéressement, s’est montée à 1 000 euros. Tout cela face au mécontentement des salariéEs et avec une intersyndicale sol/vol qui s’est finalement solidarisée avec les manifestantEs.
Mais à quel prix ! Quatre agents pris au hasard ont été licenciés. La direction a cherché à congédier un cinquième, délégué du personnel, mais l’inspectrice du travail a logiquement refusé de valider le licenciement. Mais Air France a fait appel auprès de la direction du travail, dont on ne peut que craindre la décision qui sera forcément politique. Onze salariés du sol ont été sanctionnés pour avoir ouvert la grille, et deux pilotes pour avoir ouvert une porte...
L’intersyndicale d’Air France appelle tous les salariéEs à être présents à Bobigny ce vendredi 27 mai, et la CGT, Sud et Alter appellent à la grève ce jour. D’autres entreprises devraient être présentes. À l’heure d’une répression policière et judiciaire féroce contre la mobilisation actuelle sur la loi travail et de la criminalisation du mouvement ouvrier, il faut y être très nombreux pour soutenir nos camarades.
Correspondants