C’est ce qu’avait déclaré Tom Enders, PDG d’EADS, lors du Salon du Bourget en juin 2013. Le taux de rentabilité actuel du groupe est de 6 %, mais ça ne suffit pas : le capital a soif de profit, il lui en faut toujours plus. Depuis janvier, EADS est devenu Airbus Group dans le cadre d’une vaste réorganisation visant à atteindre ces 10 %.
L’année 2013 a été l’année de tous les records : plus de 1 500 commandes d’avions, 625 avions livrés, un carnet de commande qui totalise 5 559 avions, soit huit années de production, et Ariane 6 va être lancée, avec des dizaines de satellites à mettre en orbite...Malgré ces résultats, les dirigeants du groupe viennent d’annoncer 5 800 suppressions d’emplois sur trois ans, essentiellement dans la nouvelle division du groupe ADS (Airbus Défense & Space) qui regroupe Cassidian (l’avion de combat Eurofighter), Astrium (la fusée Ariane) et Airbus Military (l’A400M). Pas un pays dans lequel est présent le groupe n’est épargné : 2 440 suppressions d’emplois en Allemagne, 560 en Espagne, 660 en Angleterre, 1 440 en France, principalement chez Astrium et Cassidian. Les sites touchés sont Toulouse (396), Saint-Médard-en-Jalles (213), Elancourt (411), Les Mureaux (309). 400 intérimaires n’ont pas vu leur contrat renouvelé.Un plan social qui ne dit pas son nom…Il s’en déroule un autre plan « social », et c’est au bureau d’étude d’Airbus à Toulouse que cela se passe. Pour atteindre ces 10 % de rentabilité, les dirigeants du groupe ont décidé de ne plus lancer aucun programme avant 2025 voire 2030. Il n’y aura plus aucun avant-projet, plus de recherche et de développement. Résultat, c’est environ 1 000 emplois d’ingénieur par an qui vont disparaître jusqu’en 2016, en totalité dans la sous-traitance. Plusieurs dizaines d’ingénieurs ont déjà été « remerciés » trois jours avant Noël, alors que certains d’entre eux étaient parmi nous depuis 10 ou 15 ans. Eh oui Airbus sous-traite aussi les licenciements.Pour sortir du silence, quelques-uns essaient de s’organiser pour faire connaître ce qu’il se passe. Avec le syndicat CGT d’Airbus, ils ont créé une coordination des syndicats des sociétés d’ingénierie et de service. Une diffusion de tracts massive a été organisée au principal point d’entrée de la boîte. Mais les conditions de la lutte ne sont pas faciles, plusieurs sociétés d’ingénierie avec plusieurs niveaux de sous-traitance, tout cela dans le silence assourdissant des syndicats majoritaires. Chez Astrium Toulouse, 1 100 salariés réunis en AG à l’appel de l’intersyndicale ont voté vendredi pour une manifestation devant le siège d’Airbus Group à Blagnac, afin d’exiger le retrait du plan de suppressions d’emplois.Au fait, dans le conseil d’administration d’Airbus Group, outre des gens qui ont eu affaire avec la justice pour délit d’initiés, on retrouve Jean-Claude Trichet, ex-directeur de la Banque centrale européenne, et M. Mittal. Si si, celui des hauts fourneaux…Correspondant