Publié le Lundi 21 janvier 2019 à 10h52.

Arc International : la direction veut économiser 9 million sur le dos des ouvrier·e·s

Il y avait vendredi dernier un débrayage à l'usine Arc International (5500 travailleurs dont 900 cadres, fabrication de verre) suite aux annonces de la direction il y a quelques semaines. La boîte veut économiser 9 millions d'euros sur la masse salariale pour des « problèmes de trésorerie ». Elle explique (y compris par tract sur les chaînes) que si ces économies ne sont pas faites rapidement, elle ne peut plus payer les salaires à partir du 10 mars prochain. Son projet initial est de faire passer le régime de travail du 5x8 à une sorte de 4x8 sur certaines périodes de l'année. Cela revient à faire bosser les ouvriers des équipes postées 20 jours en plus par an (à raison de deux jours par mois entre mai et septembre). Et le projet prévoit que ces 20 jours ne soient pas payés ! Pour les ouvriers en horaires de journée, il s'agirait de la suppression de 11 jours de RTT. Bref, une attaque très importante. Mais qui a suscité une mobilisation significative en retour.

Depuis deux semaines environ, les premiers débrayages ont commencé, emmenés par Sud et FO, à une cinquantaine, couplés avec des ouvriers qui allaient au boulot en mettant le gilet jaune. Et en début de semaine, les débrayages ont grossi, montant jusqu'à 200/300 mercredi soir.

Venredi, ce sont plus de 600 ouvriers qui ont débrayé. C'est ce qu'on a compté au rassemblement qui a eu lieu à 9h devant les bureaux de la direction (pendant une séance de négociation avec les syndicats), sachant qu'une partie des ouvriers de l'équipe de nuit qui débrayait à partir de 3h ne sont sans doute pas revenu pour 9h (une journaliste de la Voix du Nord donne le chiffre de 1000). La composition du rassemblement était très largement les ouvriers du rang, dont plusieurs dizaines dans le lot qui étaient en gilet jaune. Tous les présents indiquaient qu'ils n'avaient pas vu ça depuis très longtemps, les derniers débrayages remontant à 2015 selon certains, d'autres étant là pour la première fois, etc.

La bonne nouvelle, c'est que la direction a immédiatement remballé son plan initial devant l'ampleur pas du tout anodine du rassemblement et du débrayage (la production étant par ailleurs largement à l'arrêt d'après ce qu'on a compris). Mais la réunion de négociation avec les syndicats a permis à tous ce beau monde de se mettre d'accord sur un communiqué commun. Celui-ci explique que les 9 millions d'euros d'économie ne se feront donc pas en touchant au temps de travail (un recul à mettre au compte de la mobilisation) mais que l'argent sera pris sur la masse salariale autrement et qu'un cycle de négociation est ouvert dès lundi prochain pour trouver des solutions communes. Les syndicats ont pris la parole dans la foulée, appelant donc explicitement à reprendre le travail le jour même en annulant la manifestation prévue demain pour « laisser une chance aux négociations »…

Difficile de dire si la réussite du débrayage et l'ambiance « gilet jaune » donnera envie aux ouvriers de faire sauter le couvercle. Dans les réactions qu'on a capté autour de nous la satisfaction d'avoir fait reculer le patron se mélangeait au mécontentement face aux discours syndicaux et à la perception que ce n'est que la première manche.