Publié le Vendredi 28 mars 2014 à 17h03.

Ascométal : ce n’est pas aux travailleurs de payer

Ascométal a été placé en redressement judiciaire faute d’un accord pour solder ses dettes entre ses créanciers – les banques Morgan Stanley et Bank of America – et son actionnaire majoritaire – le fonds d’investissement américain Apollo. 

En 2011, Apollo a racheté l’ancienne filiale d’Usinor par LBO (Leverage Buy Out), un montage juridico-financier qui permet d’acquérir une entreprise sans dépenser (ou le moins possible) en endettant la société « cible ». En plus d’une dette de 360 millions d’euros, Ascométal doit rembourser 37 millions d’intérêts annuels.Plus de 1 900 emplois directs sont menacés notamment sur les principaux sites à Hagondange (Moselle), Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) mais aussi à Custines (Meurthe-et-Moselle), Le Marais (Loire) et Le Cheylas (Isère). L’année dernière, la direction avait déjà imposé un plan de compétitivité dont les principales mesures étaient la suppression de plusieurs jours de RTT et l’aggravation de la flexibilité avec la régulation du temps de travail en fonction des besoins de production. Léon Black, le co-fondateur d’Apollo n’est quant à lui pas pris à la gorge : il se place au 240e rang des hommes les plus riches du monde selon le classement Forbes, avec une fortune de 5,8 milliards de dollars...

Ascométal - ArcelorMittal : même combatDe son côté, ArcelorMittal a concocté un plan industriel et commercial pour 2014 qui portera à 143 le nombre de nouvelles suppressions de postes d’ici 2015 à Florange. Le groupe prétend connaître des difficultés mais alors que les travailleurs trinquent, les actionnaires encaissent : ils ont reçu 910 millions en 2013 (la famille Mittal qui détient 40 % du groupe a touché 360 millions), c’est-à-dire que chaque salarié du groupe a rapporté 3 617 euros aux actionnaires !Montebourg et le gouvernement refont leur cinéma dans le « dossier Ascométal » mais on a déjà vu la fin du film chez Mittal. Et ce n’est pas leur loi Florange qui va servir à quoi que ce soit puisqu’elle ne contraint les patrons à rien du tout. Des repreneurs pourraient être intéressés disent-ils... mais pas pour tout l’effectif ! Il faut imposer aux patrons, aux actionnaires, aux banquiers et au gouvernement l’interdiction des licenciements. Le contrôle des comptes de ces grands groupes par les travailleurs permettrait de vérifier où vont et à qui profitent les richesses que nous créons. Ce contrôle permettrait de prouver qu’il est possible de maintenir tous les emplois.

Correspondant