Toutes les fonderies fabriquant des pièces pour les moteurs des automobiles sont aujourd’hui dans une crise annoncée depuis plusieurs mois, y compris dans des rapports gouvernementaux : des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu.
C'est la pointe avancée des restructurations qui touchent toute la filière dans ces temps de pandémie, de mutation technique et de concentration marquée notamment par la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler.
Des milliers devant des usines en lutte
Des milliers de manifestantEs se sont réunis ces dernières semaines devant la SAM dans le bassin de Decazeville en Aveyron, avec SBF à Saint-Claude dans le Jura ou avec la Fonderie de Bretagne à Caudan dans le Morbihan. En revanche lors de deux rassemblements à vocation nationale tenus vendredi 6 mai à l’appel de la fédération de la métallurgie CGT avec des soutiens locaux de SUD et de la CFDT, pas plus de quelques centaines au total.
Cet écart ne renvoie pas seulement au choix délibéré d’avoir organisé deux initiatives distinctes, l’une autour de PSA et l’autre autour de Renault au Mans où, de plus, la parole a été refusée aux délégations CGT venues d’établissements en lutte comme ceux de Flins, de Cléon ou de Lardy.
Autour des fonderies menacées, l’ampleur des mobilisations est due au fait que non seulement touTEs les salariéEs sont impliqués, mais aussi que toute une population alentour se retrouve directement concernée. La Fonderie de Bretagne, mise en vente, avait il y a dix ans réintégré le périmètre Renault suite à une longue lutte et les salariéEs se battent contre ce projet de vente. D’autres comme les Fonderies du Poitou, la SAM ou MBF, mises en redressement judiciaire, dénoncent leur principal donneur d’ordre Renault qui les asphyxie faute de commandes. Difficile dans ces conditions d’en revendiquer l’intégration.
Les luttes dans le secteur, même lorsqu’elles sont massives, sont séparées les unes des autres sans que les directions syndicales essaient de les coordonner en pratique. Après 23 jours d’occupation, la grève à la SAM s’est terminée suite à des engagements écrits de Renault promettant des commandes garantissant 250 emplois sur les 350 encore en activité. Le sentiment d’avoir évité cette fois encore une fermeture programmée de l’usine de la SAM est largement partagé et explique cette reprise du travail.
La mise en cause directe du gouvernement, actionnaire de PSA et Renault donneurs d’ordre pour tous les sous-traitants, est un facteur d’unification des luttes pour aller vers le tous ensemble. C’est ce que confirme la manifestation de la Fonderie de Bretagne devant la sous-préfecture de Lorient lundi 10 mai.
Produire là où l’on vit et l’on consomme
À l’heure de l’exacerbation des folies capitalistes qui entraînent par exemple une panne mondiale de la production d’automobiles faute des puces électroniques produites dans seulement quelques pays, produire près d’où l’on vit et consomme est une exigence à portée anticapitaliste dès lors qu’on récuse les lois du profit. Et cela s’oppose à vanter les mérites du capitalisme dans un seul pays, le sien, à grand renfort de protectionnisme.
Motif et prétexte, les firmes automobiles se servent du développement des motorisations électriques pour aller plus avant dans leurs logiques de concentration et de spécialisation géographique. La première mesure concrète de l’alliance PSA-Fiat Chrysler, c’est le déménagement de la fabrication d’un moteur de l’usine de Douvrin vers la Hongrie. Alors que la recherche en nouveaux modes de propulsion devrait être au cœur de l’activité des firmes automobiles, les activités d’études sont sacrifiées tant chez PSA que chez Renault, et les salariéEs du centre Renault de Lardy, en luttant contre l’externalisation, c’est-à-dire la vente, des activités de maintenance, montrent qu’il est possible de résister à ces orientations.
Pour l’emploi, réquisition des usines
C’est donc toute la filière automobile qui est plongée dans une nouvelle phase de restructuration. Dans de nombreuses entreprises en faillite, les patrons chasseurs de primes ont disparu. Repreneurs, donneurs d’ordre et pouvoirs publics s’agitent en attendant les arbitrages des tribunaux de commerce, repaires d’affairistes et survivance d’instances créées il y a plusieurs siècles du temps de la monarchie.
Face à ces palinodies étouffoirs à mobilisations et vraies préparations à des casses sociales, c’est bien la réquisition-socialisation de ces entreprises en faillite qui devrait s’imposer. Le but, c’est de garantir l’emploi et de préparer sous le contrôle des travailleurEs les changements rendus nécessaires par une vraie lutte contre le réchauffement climatique. Toutes les firmes automobiles devraient être placées sous le contrôle de la société tant pour l’emploi que pour l’environnement. Que le mouvement social empiète pour de vrai sur le pouvoir du capital et sa volonté de liquider des centaines de milliers d’emplois ici et maintenant.