Publié le Vendredi 27 mai 2016 à 09h44.

Blanquefort : des nouvelles des dirigeants de Ford Europe

C’est après plusieurs débrayages, grèves et blocages de l’usine, dans un contexte de mobilisation contre la loi travail, que les dirigeants de Ford Europe se sont ramenés sur le site. Il faut dire que nous n’avions pas de nouvelles depuis plusieurs mois...

La dernière fois que nous les avions rencontrés, en décembre 2015, ils s’étaient engagés à faire une annonce avant la fin du 1er semestre concernant un nouveau projet assurant de l’activité pour l’après-2018, date de fin des productions actuelles.

Alors ils sont venus... mais pas en grande pompe, discrètement, sans prévenir les médias. Cela ne sentait pas la bonne nouvelle. De toute façon, nous n’avions aucune illusion. Depuis son retour sur le site, la politique de Ford est chaotique, hasardeuse, avec des investissements a minima, se traduisant par des faibles productions, une désorganisation et une dégradation des conditions de travail, des suppressions de postes, un personnel vieillissant, pas de recrutement… Cela sans oublier des pressions de la hiérarchie pour faire la chasse au temps perdu.

Cette situation provoquait un mécontentement et même un certain ras-le-bol, en plus des inquiétudes sur notre avenir. Avec les trois syndicats ouvriers, après plusieurs actions réussies, nous avions appelé à une action à l’occasion de la venue des dirigeants, histoire de les recevoir dans les meilleures conditions... en leur mettant la pression.

Reprendre la bataille

Ils sont donc venus pour nous « rassurer », plus précisément pour nous endormir car ils n’avaient rien à nous dire. En réalité, ils nous ont baratinés car tout reste hypothétique, avec un projet qui n’occuperait que très peu d’emplois. Dans les faits, on irait vers une usine avec moitié moins de salariéEs ! La direction locale se dit emballée, mais pour les collègues, c’est bien la confirmation que Ford n’a aucune intention de préserver le site et ses emplois sur le long terme.

Du côté des salariéEs, il n’y a donc pas de déception mais comme une lassitude. La résignation est bien là. Avec une moyenne d’âge de 50 ans, beaucoup de collègues se disent que d’ici à quelques années, ils ne seront pas loin de la retraite. Les militants CGT défendent au contraire l’idée qu’il faut refuser la fatalité d’une fermeture à petit feu, qu’il y a une bataille à reprendre pour la défense des emplois. Il faut à nouveau trouver les moyens d’imposer à Ford d’investir, de respecter ses engagements de maintenir l’activité avec 1 000 emplois au minimum. Cela suppose aussi de bousculer les pouvoirs publics et les élus locaux qui laissent faire la multinationale, après lui avoir donné des dizaines de millions d’euros. Chose pas évidente.

En clair, on ne lâche pas, cherchant déjà des actions fortes pour les mois qui viennent. À suivre.

Philippe