Considérant la vitesse et la précipitation du député LRM de Lannion, Éric Bothorel, dans les annonces de création d’emplois, un observateur un peu vigilant mène une petite enquête.
Depuis l’annonce du PSE qui au total verrait la suppression de 250 emplois sur le site, il est nécessaire de prendre en considération la situation interne de Nokia et l’échéance du PSE, à savoir mars prochain, où les licenciements seront notifiés.
Et là, l’esbroufe atteindra ses limites.
Suite à la fin de la procédure du PSE le 26 novembre, la direction a ouvert le 7 décembre la cellule de reclassement (PIC : Point information conseil), gérée par le cabinet Catalys. La période de « volontariat » a été ouverte le 14 décembre. Elle a pris fin prend fin le 29 janvier. La direction pourra donc passer à la phase coercitive du PSE, fin mars.
Mi-janvier, il était recensé 24 départs volontaires, soit actés soit en prévision.
Le miracle de la cybersécurité fera-t-il de Lannion un lieu saint du macronisme ?
En premier lieu, les 90 postes annoncés par IRT b-com ont fait l’objet d’un « job dating » le 12 janvier, mais ces postes sont externes à Nokia et sont ouverts à toutes les compétences. Ils ne peuvent donc être considérés comme un reclassement de 90 salariés de Nokia.
Toujours annoncée jamais concrétisée, l’activité cybersécurité télécoms vient de faire l’objet d’une annonce du député, annonce sonnante et trébuchante, car l’État va verser des subventions non négligeables à Nokia...
Le miracle devient un mirage pour les salariés
Face au flou entretenu par la direction, la CGT Nokia a lancé un sondage en ligne sur le sujet cybersécurité, annoncé dans un tract du 1er février 2021.
Trois cent vingt-deux réponses ont été collectés soit 40% de l’effectif de Lannion. Avec des réponses intéressantes :
- Avez vous des compétences en cybersécurité ? Oui : 99 / Non : 223.
Voila qui peut refroidir les ardeurs des politiciens, voir des polytechniciens...
- Seriez vous intéressé par un poste dans la nouvelle cybersécurité ? Oui : 225 / Non : 97.
Voilà aussi qui se passe de commentaires sur la volonté des salariés de rester à Lannion et chez Nokia.
Et cerise sur le gâteau macroniste, la dernière question perfide de ces syndicalistes empêcheurs de licencier en rond :
- Pensez vous avoir besoin d’une formation pour intégrer cette nouvelle activité cybersécurité ? Oui : 208 / Non : 11.
Si on se risque à un calcul un peu simpliste, 225 salariés veulent du boulot en cybersécurité et 208 souhaitent se former, ce qui pour des ingénieurs n’est ni étonnant ni vide de sens. Or à cette date, le projet de la direction est simple, faire miroiter au gouvernement une activité pour valider son PSE. Et obtenir des subventions encore et toujours pour grossir ses profits.
Et banco le député Bothorel, qui lui a vraiment besoin d’une formation de base, annonce au titre du plan de relance 30 millions d’euros en direction de Nokia.
Qui se rajoutent, et ce n’est pas un détail, aux 70 millions de crédit d’impôts que reçoit déjà le groupe finlandais dans le cadre du CICE.
Écoutons donc Éric Bothorel, député des Côtes-d’Armor : « Après IRT b-com, Qualcomm et Akka, les bonnes nouvelles se multiplient pour notre territoire. Il faut se féliciter qu’une entreprise basée à Lannion, Nokia, bénéficie directement de notre stratégie de reconquête industrielle. C’est la preuve de l’attractivité du Trégor et la promesse de nouveaux emplois. C’est aussi la reconnaissance de notre savoir-faire et l’affirmation de Lannion comme un lieu central pour la R&D des télécommunications du futur. Comme il s’y était engagé, l’État finance le projet, c’est maintenant le rôle de Nokia de procéder au recrutement au plus vite. »
Pour La CGT Nokia, il est urgent au contraire que les signataires du PSE dénonce le livre 1, ce qui donnerait un coup d’envoi d’une nouvelle mobilisation.
L’interdiction des licenciements n’est ni un miracle, ni un mirage
Le mot d’ordre du NPA d’interdiction des licenciements, articulé à une réduction massive du temps de travail à salaire égal et à un retour au 60 ans comme âge de départ en retraite, est d’actualité.
Et pour Nokia, la socialisation d’une entreprise qui vit confortablement de subventions et de marchés publics. Nationaliser Nokia ne serait qu’un juste retour économique, doublé d’un contrôle par les salariés eux-mêmes sur l’entreprise.
Il restera à poser sur la table le modèle de développement industriel basé sur la 5G...
Mais celui-là est un tout autre combat qui dépasse les seuls salariés.