Les luttes contre les fermetures de sites et les licenciements n’ont cessé de troubler la campagne électorale présidentielle. Non seulement les candidats de gauche ont multiplié les visites aux sites les plus emblématiques, mais Bayrou, Dupont-Aignan et Cheminade ont également été présenter leurs salades plus ou moins nationalistes. Sarkozy et Besson ont de leur côté fait jouer leurs relations et les moyens de l’État pour calmer les travailleurs les plus revendicatifs sur les dossiers les plus emblématiques. C’est ainsi que, à des degrés divers et pour des durées plus ou moins longues, des plans sociaux ou des procédures de fermeture de site ont été reportées ou annulées. Bien sûr pendant que les Arcelor Mittal, PSA, Photowatt, la Fonderie du Poitou et quelques autres semblaient susciter l’intérêt des responsables politiques, des dizaines de milliers de salariéEs perdaient leurs emplois sans le moindre recours, dans des procédures de ruptures conventionnelles, des milliers de licenciements économiques avaient lieu dans le plus grand des silences.
Hollande et ses conseillers en matière d’industrie affirment qu’il n’est pas question de pratiquer la même politique de cas par cas à vocation plus médiatique que de long terme. Une loi permettant aux tribunaux de commerce de chercher un repreneur pour toute société menacée de fermeture et de l’imposer à son propriétaire s’il n’a pas trouvé lui-même d’acheteur serait dans leurs cartons. Cela permettrait de sauvegarder les entreprises rentables mais inscrites dans des restructurations par des groupes internationaux.
Le deuxième axe serait constitué par des systèmes d’aide à l’investissement : création d’une banque d’investissement, doublement du plafond du Livret de développement durable à côté des dispositifs Oséo ou Fonds national d’amorçage censé venir en aide aux PME.
À l’évidence, ces mesurettes ne sont pas à la hauteur des enjeux économiques et sociaux. Florange, PSA, Petroplus ou Areva mettent à l’ordre du jour l’expropriation des grands secteurs de l’industrie comme l’énergie, l’automobile ou la sidérurgie. Chez Carrefour, SFR, il faut avancer sur la concrétisation de l’interdiction des licenciements. Plus globalement, la prise de contrôle des systèmes financier et bancaire devrait permettre la mise en œuvre de politiques industrielles bâtie sur la satisfaction des besoins sociaux et des impératifs environnementaux.
Dans les semaines qui viennent, la politique de destruction d’emplois va prendre une nouvelle ampleur. De Carrefour à Arcelor en passant par SFR ou Technicolor, des dizaines de milliers d’emplois sont menacés. Plus que sur les vagues promesses de Hollande, c’est sur les mobilisations qu’il faut compter pour empêcher les désastres sociaux annoncés. Les difficultés sont grandes. À General Motors, PSA ou Arcelor, les salariéEs ont conscience de s’être fait balader depuis des mois ou des années par des directions qui prennent le temps de mettre en œuvre leurs plans en limitant les réactions. Un sentiment d’impuissance renforcé par l’inconstance des propositions de mobilisation ou leur prise en charge réelle par les fédérations ou confédérations. Convaincre les collègues de se mobiliser pour leur emploi passe par la nécessité de convaincre que nous ne gagnerons pas boîte par boîte. Pas plus que le changement de société, la préservation de nos emplois ne sera possible par les urnes ou les lois. La seule voie reste le développement des luttes, leur coordination. Dans l’urgence.
Robert Pelletier