Quand pendant la campagne présidentielle le candidat Hollande juché sur le camion CFDT promettait de sauver Florange, les salariéEs du site sidérurgique voulaient y croire. Pourtant, après bien des hésitations, le Président Hollande est revenu sur le site jeudi 26 septembre pour y exposer ses renoncements.En février 2012, Hollande était accueilli par des salariéEs prêtEs à voter pour lui dans la foulée de la déception causée par Sarkozy qui s’était précédemment engagé à sauver le site de Grandrange. Des espoirs bien mitigés mais qui répondaient à une situation où la colère se mêlait au désarroi.
Paroles, parolesLe candidat du Parti socialiste promet alors de faire voter une loi prévoyant que « quand une grande firme ne veut plus d’une unité de production, elle soit obligée de la céder à un repreneur ». Et d’ajouter : « Je viens devant vous prendre des engagements... Je ne veux pas me retrouver dans la situation d’être élu un jour sur une promesse et ensuite de ne pas revenir parce qu’elle n’aurait pas été tenue ».Dans les mois qui suivent l’élection présidentielle, les rodomontades ministérielles font rapidement place aux abandons successifs. En mai, le gouvernement « dialogue » avec Mittal puis confirme qu’il est prêt « à mettre à l’ordre du jour » une loi imposant aux patrons qui veulent vendre leur entreprise à rechercher un repreneur. Chérèque, secrétaire général de la CFDT, menace de quitter la table de négociation de l’ANI si la loi n’est pas votée avant la fin de l’année ! Quand début octobre Mittal confirme sa volonté de fermer le site, Montebourg fait monter la pression quelques semaines, en annonçant une prise de contrôle du site par l’État. L’horrible mot de nationalisation est prononcé.
Des actesLe 30 novembre, le Premier ministre annonce un accord avec ArcelorMittal, prévoyant un investissement de 180 millions d’euros sur les cinq prochaines années et pas de plan social. Montebourg est désavoué, le projet de nationalisation n’a pas fait long feu. Pendant que FO et la CGC se félicitent de ce dénouement, Édouard Martin, responsable de la CFDT, déclare : « Je considère ça comme une très haute trahison d’État... Nous avons été le cauchemar de Sarkozy, on pourrait être celui de ce gouvernement ». Lionel Burriello, secrétaire de la CGT Florange : « C’est une trahison, une incohérence totale par rapport aux déclarations de toute la semaine, c’est de l’enfumage. Rien que le mot accord avec ArcelorMittal ça me donne envie de pleurer, on a l’impression de vivre un Gandrange 2. »En avril 2013, la mort des hauts-fourneaux de Florange est entérinée à l’occasion d’un Comité central d’entreprise d’Arcelor. 629 salariés se retrouvent licenciés sans compter les centaines d’emplois induits dans la région. Et, depuis, le retour de Hollande était annoncé et régulièrement reporté. La proposition de loi « Florange » qui doit être votée en ce début octobre par les députés est bien en deçà des annonces initiales. Elle n’impose aux groupes de plus de 1 000 salariés qu’une obligation de moyens : « rechercher » un repreneur sous peines de pénalités voire de remboursement des aides publiques perçues lors des deux dernières années.
Retour sous les siffletsC’est dans cette situation que Hollande a été accueilli par des sifflets et des huées lors de son retour à Florange. Rencontre avec les responsables syndicaux, dans une salle à l’écart des mobilisations, et prise de parole publique devant quelques cadres triés sur le volet. Il faut dire que Hollande n’avait pas grand-chose à annoncer : la création à Florange d’un Centre de recherche pour la sidérurgie française, qui devra permettre « d’assurer l’acier de demain... », a-t-il expliqué en s’engageant à venir chaque année à Florange pour vérifier que les promesses sont tenues.Pas de quoi convaincre les salariéEs qui, derrière le cordon de policiers, criaient : « Hollande comme Sarkozy président des patrons ! »
Robert Pelletier