Le 30 juin 2022 avait lieu la dernière coulée de culasse des Fonderies du Poitou à Ingrandes-sur-Vienne, dans le bassin châtelleraudais. Après 10 ans de lutte sans relâche, plus de 600 travailleurEs ont subi de plein fouet les logiques de désindustrialisation organisée par les capitalistes.
Ouvertes en 1981, les Fonderies du Poitou Fonte et Aluminium fabriquaient des pièces automobiles pour le groupe Renault, qui en 1998 décide de vendre le site à des groupes privés successifs tout en restant leur unique client. En 2011, une énorme lutte démarre : après un nouveau changement de direction, un plan de baisse des salaires est décidé et quelques mois plus tard un placement en redressement judiciaire. Cette lutte permet alors d’éviter la fermeture des Fonderies mais n’est que le début d’une longue bataille.
La lutte comme seule option
Plusieurs grands groupes privés vont ensuite se succéder tous les deux-trois ans en moyenne, avec à chaque fois la même routine : les actionnaires rachètent l’usine, bénéficient de nombreuses subventions de l’État, n’investissent pas dans l’outil de production et repartent quelques années plus tard avec le savoir-faire industriel pour produire les mêmes pièces dans d’autres pays.
La fonderie Fonte ferme ses portes en juillet 2021 puis l’Aluminium suit en juillet 2022 suite à une baisse progressive des commandes de Renault, puis une liquidation judiciaire et un retrait des actionnaires, laissant près de 600 travailleurEs sur le carreau.
Alors la fermeture était-elle inévitable ? Selon les syndicats, pas du tout. Depuis près de 20 ans, en plus des nombreuses grèves et blocages de production, les syndicats des Fonderies ont beaucoup réfléchi sur une réorientation de la production et ont proposé différents projets de reconversion qui allaient dans le sens de la transition écologique, par exemple pour des rails de train, des pièces de camion ou de vélo. Mais ces propositions n’étaient pas du goût des capitalistes et des gouvernements libéraux successifs : aucun plan d’investissement n’a été fait dans ce sens ni par les actionnaires, ni par Renault, ni par l’État.
La lutte des Fonderies a tout de même marqué un tournant historique dans le bassin châtelleraudais. Car, malgré le défilé de politiques notamment en période électorale pendant dix ans, seule la lutte organisée par les travailleurEs eux-mêmes a permis de maintenir les emplois, bien mieux que n’importe quelle élection. Une preuve supplémentaire de l’importance de la lutte sur le terrain et dans les entreprises, organisée par et pour les travailleurEs face aux logiques capitalistes.
Version intégrale à lire dans le Poitou Rouge n° 1, en ligne sur poitiersanticapitaliste.org.