Publié le Mercredi 1 juillet 2015 à 20h40.

Ford au tribunal pour non respect de son engagement des 1000 emplois

C'est bien connu, les patrons se croient tout permis. C'est un peu ce qui se passe avec Ford à Blanquefort (33). En mai 2013, soit deux ans après le retour de la multinationale sur l'usine, les dirigeants de Ford Europe signent un accord avec le Préfet de région, les pouvoirs publics, sous le contrôle du gouvernement. A la suite de la mobilisation des salariés, ils ont été contraints à un engagement de maintenir au moins 1000 emplois au moins pendant 5 ans, en échange d'aides publiques et du retour du logo “Ford” sur le site.

Les panneaux "ford" sont bien revenus. Mais question emplois, Ford a changé de discours l'année d'après. En juillet, les dirigeantseuropéens déclaraient qu'il n'était plus question des 1000 emplois, qu'ils feraient au mieux. Pourtant Ford a bien reçu de l'argent des pouvoirs publics (Région, Département, Agglomération, Ville, Etat, Europe) : soit 46 millions d'euros d'aides diverses. Les pouvoirs publics n'ont pas réagi. Anesthésie ou silence complice ? La CGT-Ford dénonce alors ce reniement et essaie d'alerter les élus, le Préfet, le gouvernement. Aucune réponse.

C'est en début de cette année que l'effectif est passé en dessous des 1000 emplois. Il n'était pas question de laisser passer sans réagir. L'abandon de l'engagement est inacceptable d'autant plus que derrière c'est tout simplement l'avenir de l'usine et de ses emplois qui est en danger. Car Ford n'apporte pas à ce jour une activité au delà des ans qui viennent, une activité déjà insuffisante pour occuper tout le personnel. La majorité des élus au CE (deux syndicats) et le syndicat CGT-Ford ont donc décidé de saisir leTribunal de Grande Instance. L'audience a eu lieu le lundi 29 juin au TGI de Bordeaux. Il est important de résister aux politiquespatronales comme on peut, avec les outils que nous avons. L'action en justice peut permettre d'alerter et secouer les pouvoirs publics, de sensibiliser la population, de redonner de la force aux salariés résignés. Elle a déjà permi une médiatisation qui montrequ'il y a un vrai problème chez Ford. Quelque soit la décision de justice (on ne rêve pas), il est important de montrer que la bataillepour le maintien de tous les emplois et pour l'avenir du site n'est pas abandonnée. Pour cela, il faut essayer de mettre la pression sur Ford comme sur les pouvoirs publics. C'est en cours et c'est à suivre.

Philippe Poutou