Nous étions près de 900 à manifester le 22 septembre, environ 70 salariéEs de l’usine, leurs familles… pour poursuivre le combat engagé depuis des mois contre la fermeture de l’usine et les 900 suppressions d’emplois.
Elle avait une belle gueule internationaliste, la tête de la manifestation du samedi 22 septembre à Bordeaux ! À côté de la banderole des salariéEs de Ford, venus à l’appel de la CGT et de la CFTC, on pouvait voir celles d’une délégation de militants des usines Ford de Saarlouis (Allemagne) et de Valencia (Espagne). D’autres équipes avaient fait aussi la route, de Ford Cologne (Allemagne), du Centre technique Peugeot de Poissy, des cheminotEs de l’intergare de Paris, des postierEs en grève du 92, la CGT Opéra de Bordeaux, et de nombreux militantEs des luttes de ces derniers mois à Bordeaux, des jeunes, ainsi que des cortèges de LO, de la FI et du NPA.
Un repreneur ?
Nous étions près de 900 à manifester, dont environ 70 salariéEs de l’usine et leurs familles, pour donner suite à la manif du 30 juin (500 manifestantEs) et poursuivre le combat engagé depuis des mois contre la fermeture de l’usine et les 900 suppressions d’emplois.
La veille, le ministre Le Maire s’était déplacé à Bordeaux, convoquant les syndicats. Il avait déjà montré sa grande indignation fin février… Après un silence de plusieurs mois, il réapparait pour dire sa prétendue solidarité. D’un gouvernement qui a facilité les licenciements, on sait ce que ça vaut. Quant aux pistes autour d’un repreneur, Le Maire a officialisé le nom de l’équipementier Punch qui circulait « confidentiellement » depuis longtemps et a fixé un délai d’un mois pour avancer. Le Maire assure qu’il est « crédible » mais personne ne garantit ni les emplois, ni la production, ni les salaires… La seule chose limpide, c’est que Le Maire, Juppé et Rousset, le président de région, sont à nouveau prêts à arroser d’argent public !
Le ministre a été obligé de se montrer parce que le climat change. Le pouvoir a mesuré l’écho viral du « Je traverse la rue… » de Macron, que tout le monde ridiculise. La petite phrase leur revient dans la figure, montrant à la fois le mépris des classes dominantes pour les travailleurEs et leur faillite face au chômage. Alors Le Maire s’agite parce qu’ils sont en difficulté, fragilisés par leur image de gouvernement des riches et par le mécontentement qui grandit contre le chômage. Les licenciements apparaissent insupportables, illégitimes… Ford a fait près de 8 milliards de profits l’an dernier.
Un climat qui change, des suites à préparer
Le climat change aussi sur la boîte. La direction, deux jours avant la manifestation, a voulu reprendre la main sur la communication en organisant des réunions d’information avec touTEs les salariéEs, ce qu’elle n’avait pas fait depuis très longtemps. Autour de l’équipe CGT, la manifestation s’est préparée avec une réunion unitaire (syndicats, partis, associations) et dans la boîte avec des AG le 18 septembre, des actions devant les concessionnaires le 19 avec quelques salariéEs, des interventions CGT lors des réunions de la direction. À plusieurs reprises ces dernières semaines, des arrêts de travail spontanés ont eu lieu, parfois sur plusieurs jours à l’assemblage. Plusieurs dizaines de salariés de la chaîne d’assemblage sont allés bousculer une réunion de la direction, pour demander des comptes, exprimer leur ras-le-bol, leur exigence de faire payer Ford le plus cher possible pour les années d’exploitation et de profits sur leur dos. Certains veulent faire augmenter les primes, d’autres veulent le maintien des emplois, d’autres le maintien intégral des salaires jusqu’à la retraite comme le formule la CGT. La colère est là et grandit malgré les obstacles. Toute la difficulté est de l’organiser, lui donner une perspective commune.
Après la prise de parole de notre camarade Philippe Poutou, celles des camarades d’Allemagne et de l’État espagnol, des postiers du 92 avec Gaël Quirante, de Mickaël Wamen (ex-Goodyear), d’Olivier Besancenot et d’un camarade de LO lisant un message de Nathalie Arthaud, ont dessiné cette perspective d’une lutte d’ensemble contre les licenciements, salariéEs du privé et du public, confrontés eux et elles aussi à des dizaines de milliers de suppressions de postes.
Même si la quasi-absence des syndicats de l’agglomération était notable, à part bien sûr les équipes qui militent pour la convergence, la manifestation du 22 représente un pas en avant, tant pour les salariés de Ford que sur le plan de la construction de la mobilisation sur la ville. Le mardi 25 se tiendra à Blanquefort une prochaine réunion unitaire appelée par la CGT Ford pour préparer la suite.
François Minvielle