Les salariés de Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône) poursuivent leur lutte contre la délocalisation de leur usine et la sauvegarde de leur outil de travail. Ils ont démontré qu’ils peuvent gérer eux-mêmes l’entreprise, malgré les attaques répétées de la direction.Le ton est donné par Olivier, délégué CGT, samedi 3 septembre au matin chez les Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône) : « Depuis vendredi, on est passé de locataires à propriétaires ! Bienvenue chez nous ! » La veille, après avoir reçu leur lettre de licenciement, les salariés ont voté l’occupation de l’usine de la marque historique de thé Éléphant. L’ambiance est à la lutte, la rentrée sociale a démarré !
Depuis l’annonce d’Unilever en 2010 de délocaliser l’usine en Pologne, les salariés se sont battus pied à pied pour prouver que celle-ci est rentable, que les salaires peuvent être augmentés et l’activité maintenue sur le site avec les 182 salariés. Leur slogan : « le thé de l’éléphant continuera à vivre en Provence ! » Le projet de reprise de l’usine par les salariés est viable, un rapport d’expert le prouve : sur la période 2005-2009, la capacité de production est de 2 900 tonnes par an, alors que 1 000 suffisent pour assurer l’équilibre financier.Les salariés exigent que le groupe Unilever leur cède pour l’euro symbolique la marque Éléphant – vieille de 119 ans –, les machines, et qu’il leur rende les 300 millions d’euros volés au fisc et à la Sécurité sociale en installant le siège social en Suisse. Cet argent leur permettrait de redémarrer l’usine. Pour avoir dénoncé ces magouilles, trois « fralibiens » ont été traînés en correctionnelle mardi 6 septembre à Nanterre. Un rassemblement a été organisé où Olivier Besancenot est venu en soutien, comme d’autres personnalités politiques qui ont rencontré les salariés le même jour. Cette fois, l’issue du procès a été heureuse puisque la justice a donné raison aux salariés. Cette première victoire nous donne d’autant plus d’espoir.Pour continuer la lutte et se réapproprier leur outil de travail, les salariés ont décidé d’accepter le plan de reclassement. Contrairement à ce que la direction prétend, il ne s’agit pas d’une défaite mais de la stratégie des travailleurs pour gagner. Comme le dit Olivier, « c’est pas un problème qu’on soit licenciés, on veut continuer sans eux. »
Les faits sont là : l’usine est rentable, la marque est reconnue et pourtant le gouvernement fait la sourde oreille, préférant laisser ses amis « bling bling » continuer à sacrifier les salariés impunément. Mais avec cette politique, le gouvernement allié au patronat nous envoie dans le mur. Au lieu de garantir des emplois et de maintenir l’outil de production, ils alimentent les rangs des chômeurs. Après, on connaît bien la répression menée contre les « assistés » qui seraient responsables du chômage et de la crise. Mais qui sont les vrais assistés sinon les patrons et les actionnaires que l’État soutient lorsqu’ils licencient au seul motif de vouloir multiplier les profits ?
Nous devons continuer d’organiser la solidarité jusqu’à la victoire. Cela passe par l’appel au boycott des produits Lipton et particulièrement des sachets pyramides. Popularisons la lutte en construisant l’unité de toutes les forces syndicales et politiques autour de ce combat.
Au lieu d’engraisser les actionnaires, Unilever doit payer et dégager ! Après un an de batailles acharnées, il est temps que les salariés prennent leur revanche. Personne n’est prêt à lâcher et les actions vont s’enchaîner dans les prochaines semaines. Le NPA 13 a d’ailleurs proposé la tenue d’un meeting unitaire le 30 septembre. Philippe Poutou ira les voir ce vendredi, des retrouvailles en quelque sorte puisqu’ils se sont rencontrés lors de leurs combats syndicaux simultanés à Fralib Le Havre et à Ford Blanquefort.Une politique anticapitaliste consisterait à exproprier le groupe Unilever pour rendre l’usine aux salariés, à imposer une politique économique internationale en faveur des travailleurs ou encore à créer des fonds de soutien aux salariés, financés par des charges patronales, pour les aider à récupérer leur boîte... Comme les Fralib le défendent dans leur plan de reprise, ils sont capables de gérer eux-mêmes leur usine, y compris dans le cadre de rapports Nord/Sud plus égaux. Des contacts ont déjà été pris avec des coopératives paysannes en Asie. La détermination des Fralib prouve encore qu’il est possible de construire des alternatives à la course aux profits !
Aujourd’hui tout notre camp social est concerné par cette lutte qui pose la question d’une alternative en traçant la voie des résistances face à la crise. Les Fralib sont lucides : « il est important qu’on gagne cette lutte, pour nous, mais aussi pour l’ensemble des travailleurs ».Pour sûr, demain matin, notre petit-déjeuner aura un goût de lutte des classes.
Kevin Vay et MimPour soutenir la lutte des Fralib : http://cgt.fralibvivra.over-blog.com