La semaine précédant le premier tour de l’élection présidentielle, c’était le 15e rassemblement devant l’usine de la SAM depuis le début de la lutte face à la liquidation de l’usine et à la suppression de l’ensemble des 330 emplois.
L’origine de ce rassemblement convoqué dans l’urgence n’était pas le calendrier électoral, mais la décision du tribunal de Rodez ordonnant l’évacuation de l’usine occupée sans discontinuer depuis la fin du mois de novembre 2021. Une décision de « justice de classe », selon l’expression de David Gistau, le secrétaire de l’UD CGT Aveyron.
Des salariéEs déterminés
Les organisations politiques aveyronnaises avaient apporté leur solidarité. Et aussi Philippe Poutou, seul candidat à l’élection présidentielle cité à la tribune comme ayant apporté son soutien aux salariéEs de la SAM. Les deux seuls élus ayant pris la parole ont été des représentants de la région Occitanie, un PC et un PS. Et le surlendemain, ce fut la visite de François Ruffin dans l’usine occupée.
La réalité d’aujourd’hui, ce sont les salariés licenciés en situation de stagiaires « contrat de sécurisation professionnelle » d’une durée d’un an. Devant le refus de Renault de satisfaire la moindre des revendications collectives, 282 salariéEs ont assigné Renault et l’ancien patron Jinjiang devant les prud’hommes pour faire valoir leurs droits. Comme dans de nombreuses entreprises, les plus diplôméEs sont ceux qui retrouveront le plus facilement du travail. Et ce sont les 112 femmes licenciées qui risquent le plus de discriminations.
Les machines de la SAM ne sont pas des vieux clous dépassés par les évolutions techniques en cours et sont largement constituées de fours à haute température des plus modernes, et peuvent servir à fabriquer toutes sortes de pièces en aluminium. Aujourd’hui, seule l’entreprise lotoise MH Industries, spécialisée dans la fabrication de pièces métalliques pour la défense et le bâtiment, s’est portée candidate à la reprise de la SAM. Des études sont en cours. Et rien de définitif quant au nombre d’emplois possibles, autour de quelque dizaines. Il n’y a pas que le temps consacré aux études mais aussi le calendrier politique. Le détail ne sera connu qu’après l’élection présidentielle car ce plan, encore hypothétique, de reprise dépend encore des jeux institutionnels principalement entre État-Macron et région Occitanie dirigée par le PS. Le détail du plan de reprise éventuel ne sera connu qu’après l’élection présidentielle.
« Protocole de fin de crise » ?
En attendant, les mandataires, forts de la décision de justice, vont faire monter les enchères pour récupérer le plus de fric possible sur le dos des salariés et leur outil de travail. C’est bien leur expropriation pure et simple qui serait la réponse la plus légitime à ces patrons-voyous. Quant à Renault, il refuse toute discussion collective tant avec les salariés de la SAM qu’avec les pouvoirs publics. Pire il a suscité de la part de 47 salariéEs, qui ont accepté des propositions Renault de reclassement loin de leur domicile, une démarche minoritaire s’en prenant à la CGT de l’usine.
Ce rassemblement du 5 avril est peut être le dernier de cette longue lutte. Les responsables CGT de l’usine ont rendu compte des discussions en cours avec la préfète en vue d’aboutir à la conclusion d’un « protocole de fin de crise ». Les exigences posées par les responsables de la CGT tiennent à un engagement des mandataires liquidateurs de ne pas vendre machines, équipements et bâtiments de l’usine, et à la mise en place d’un gardiennage public de l’usine empêchant toute disparition de matériel.
Encore faut-il que de nouveaux obstacles ne soient pas opposés aux droits les plus élémentaires de ceux de la SAM, eux qui sont déjà privés de leur emploi. Combien y a-t-il eu de promesses non tenues jusque-là ? Aujourd’hui l’usine de la SAM est toujours occupée, mandataires et gouvernement en fin de mandat toujours en embuscade.