Publié le Lundi 21 juin 2021 à 11h40.

À la SNCF, mobilisations pour les conditions de travail et les salaires

Ces derniers mois, le chemin de fer a vu se multiplier à de nombreux endroits des mouvements de grèves, pour linstant localisés.

Si le premier confinement, à la faveur de la baisse d’activité, de la réduction du nombre de trains en circulation et du nombre de cheminotEs présents sur les lieux de production, a momentanément enrayé les dynamiques de mobilisation collective, la colère ne s’en est pas moins accumulée.

Quelques reculs de la direction…

La « reprise » de l’activité après les deux premiers confinements s’est surtout traduite par la mise en place d’une organisation du travail dégradant à la fois les conditions de travail et de rémunération. Le tout dans un contexte de saignée des effectifs et de reprise des restructurations dans plusieurs services.

À l’aiguillage, au matériel, à la conduite, au commercial, à la maintenance de l’infrastructure, des mouvements — prenant la forme de mouvements de 24 heures répétés ou de grève de 59 minutes en milieu de service — ont essaimé depuis décembre 2020 à plusieurs endroits, autour de revendications exprimant le manque d’effectifs et les exigences d’augmentation des salaires. Au fur et à mesure de leur montée en puissance et de la coordination de ces mouvements à une échelle locale, la direction, pour essayer de désamorcer la situation, a opéré certains reculs partiels devant les grévistes les plus déterminés. Dans certains chantiers comme à l’UP mixte de Paris Montparnasse de l’Infrapole, les grévistes ont imposé une augmentation mensuelle de 200 euros à leur direction en deux journées de grève (dont une commune a l’ensemble des services de l’axe Paris-Trappes-Chartres), de rassemblements, de remises de pétition. À la circulation, la direction a satisfait certaines revendications également.

À la conduite des trains, la direction des établissements en IDF a principalement répondu aux grévistes en mettant en place divers artifices destinés à effacer ou compenser la perte de rémunération induite par la nouvelle organisation du travail au prétexte de la période pandémique et par la baisse de fréquentation dans les trains. En effet, le système de rémunération des agents de conduite dépendant à 40% de la productivité (nombre de kilomètres parcourus à la fois individuellement mais également collectivement, nombre de repos pris hors du domicile, travail de nuit, dimanche, fériés etc) la réduction du nombre de trains en circulation entraîne mécaniquement une baisse de ces rémunérations.

mais l’offensive se poursuit

Si la direction a bien pris quelques mesures destinées à atténuer, voir dans certains cas éliminer ces pertes, elle n’en a pris quasiment aucune en matière de conditions de travail. En effet, alors même que le nombre de trains en circulation est en baisse, la direction a concentré les trains restant sur un nombre encore plus réduit de journées de service. Son objectif : augmenter le nombre de trains dans chaque journée de service d’un côté, maximiser le nombre d’agentEs en chômage partiel de l’autre pour se faire rembourser, par de l’argent public, la « masse salariale ». Plus récemment, la direction annonce vouloir supprimer la quasi totalité des conducteurEs de manœuvre en IDF, dont la charge de travail consiste à manœuvrer les rames en gare, assurer les liaisons entre les ateliers, dépôts et garage, etc. Elle annonce vouloir transférer cette charge et la répartir sur les conducteurEs de ligne, en allongeant et alourdissant encore plus leurs journées de service. À cela s’ajoute la volonté de « spécialiser » les conducteurEs sur une seule ligne, de manière à pouvoir bien découper les effectifs en vue de la filialisation à venir et souhaitée par la direction.

Converger, étendre le mouvement

C’est dans ce contexte que les mobilisations à la conduite se sont multipliés dans plusieurs dépôts en IDF. Compte tenu de la stratégie de la direction consistant à envoyer son « pool fac » (équipe d’une centaine de conducteurs jaunes payés 1500 euros de plus que leurs collègues pour remplacer les grévistes), la volonté a rapidement émergé de coordonner la riposte et choisir des dates communes.

C’est ainsi que s’est imposée dans le paysage la date du lundi 21 juin à plusieurs dépôts en IDF, à l’initiative des dépôts de Paris-Sud-Est, suivi par ceux de Paris-Rive-Gauche, puis Paris Saint-Lazare et Paris-Est. La participation à la grève s’annonce massive dans ces dépôts. Il va se poser évidemment la question des suites, ces mouvements étant à ce jour des mouvements locaux s’étant organisés pour tomber le même jour, bien plus d’ailleurs qu’un réel mouvement convergent avec une stratégie commune.

Quoi qu’il en soit, l’émergence dans différents secteurs de mouvements locaux, à partir de la base, ces dernières semaines, montre que la pression monte et commence à soulever le couvercle qui s’était posé à la faveur de la pandémie.

Le rôle des militantEs ouvriers sera de tenter d’y impulser une stratégie d’ensemble, à même de renforcer et étendre le mouvement au maximum des possibilités.