Une grève s’est déclarée pour la première fois depuis sa création à la librairie le Furet du Nord, à Lille, pour des augmentations de salaire.
La colère sourd depuis plusieurs mois dans les 8 étages de la librairie emblématique de Lille, l’une des plus grandes librairies d’Europe. En juin dernier, les primes d’intéressement et de participation ont été très décevantes. La cause ? Des échecs dans les magasins belges qui ont dû fermer (3 magasins) ainsi que dans celui de Carré Sénart dans l’Essonne.
Des négociations secrètes pour… une prime décevante de 300 euros
À l’annonce d’une petite prime, une première vague de discussions a eu lieu dans les librairies pour un débrayage, reporté finalement en septembre. Sous la pression des libraires, face à l’inflation galopante qui nous touche toutes et tous, une réunion s’est alors tenue dans la librairie de Lille. L’ordre du jour était simple : quelles revendications pour une négociation exceptionnelle avec la direction nouvellement établie ? La réunion a statué sur une augmentation de salaires de 10 % et une revalorisation de la grille d’ancienneté. Les négociations se sont déroulées dans le secret. Elles ont abouti à une prime de 300 euros et la possibilité de toucher 200 euros supplémentaires fin janvier si l’objectif de Noël était atteint. Spoiler : vu l’objectif demandé, ce ne sera pas le cas ! Beaucoup espéraient a minima une petite augmentation du salaire, l’annonce est restée au travers de la gorge. Pour envenimer la situation, une réunion au magasin de Lille s’est tenue avec le directeur. Censée apaiser les tensions, elle a ajouté de l’huile sur le feu avec un mépris à peine voilé.
En grève pour de vraies revalorisations
La grève s’organise à la base grâce aux boucles de conversations et au bouche-à-oreille. Le samedi 29 octobre, ce sont une soixantaine de grévistes qui se sont retrouvéEs sur la Grande Place de Lille avec des grévistes de Lille, V2 et Englos (dans la métropole lilloise). La journée a été festive avec de nombreux slogans. Sans complexes, certainEs exhibent leur salaire : au bout de 21 ans de boîte, la paie est de 1 400 euros alors qu’un nouvel arrivant touche 1 300 euros ; d’autres expliquent que le métier change, on ne vend plus seulement des livres mais des accessoires, on s’occupe de la com’… le tout sans revalorisation salariale.
Cette journée a permis à toute une équipe de se rendre compte de sa propre force. Presque tous les CDI de Lille étaient en grève à 3 ou 4 exceptions près, dont la représentante au CSE de la CFDT. La réponse de l’entreprise reste attendue, mais il ne faut pas que les travailleurs et travailleuses du Furet perdent l’initiative après leur première grève !