Le plan Renault de suppression des 4 600 emplois en France et de 15 000 dans le monde avait été annoncé à la fin du mois de mai 2020. Dans les semaines qui ont suivi cette annonce, des mouvements de grève successifs et séparés ont eu lieu dans plusieurs des usines visées par une fermeture, celles des Fonderies de Bretagne, de Maubeuge, de Flins et de Choisy. Si un sursis a été obtenu pour certaines, objectif et calendrier de suppression de 4 600 emplois sont restés inchangés.
Un accord déclinant ce plan dans les domaines de l’ingénierie tertiaire, la moitié des effectifs de Renault en France aujourd’hui, vient d’être accepté par les syndicats CGC, CFDT et FO qui disposent des suffrages nécessaires aux élections professionnelles pour le valider « juridiquement ». Entre cette validation juridique et l’application du plan de suppressions d’emplois sur le terrain, il y a tout l’espace des luttes possibles pour le contrecarrer. Voilà ce qu’oublient tous les commentateurs qui applaudissent au succès de ce « dialogue social » imposé.
Trois dispositifs pour supprimer les emplois
Les suppressions d’emplois annoncées reposent sur l’utilisation combinée de trois dispositifs : des ruptures conventionnelles collectives, du chômage partiel et des reconversions formation, et des dispenses d’activités selon l’âge.
Avec la montée actuelle du chômage, il est probable que les candidats « volontaires » à une rupture conventionnelle ne seront pas nombreux, d’autant que les activités professionnelles aux techniques les plus récentes sont exclues du dispositif. Sur le seul site de Lardy, 140 « volontaires » sont à trouver sur un effectif de 600 salariéEs concernés.
Quant au dispositif de formation reconversion prévu, l’« A.R.M.E. » (pour Activité réduite pour le maintien dans l’emploi), il instaure la possibilité de mettre un salarié en chômage partiel de longue durée sous couvert d’une « formation reconversion » à mi-temps financée par le salarié lui-même et les fonds publics, tout en ne coûtant rien à Renault.
Aux 1 500 emplois Renault dans l’ingénierie et aux 1 000 dans le tertiaire (directions Qualité, Commerce, Informatique, Finance…) déjà menacés de suppression, s’ajoutent chez les sous-traitants la suppression de 2 900 postes et la délocalisation de 2 400 autres. Bien sûr, la rupture du contrat entre Renault et une entreprise sous-traitante relève du seul droit des affaires. Un beau moyen pour s’affranchir des règles qui existent encore dans le droit du travail !
Une riposte à construire
Qui plus est, les possibilités induites par le développement des échanges numériques concourent, en plus du télétravail, à une nouvelle phase de délocalisations d’activités. Celles-ci concernent maintenant des activités autrefois privilégiées par rapport à la production de biens matériels en usine. Dans le cas de l’ingénierie Renault, la délocalisation de 2 400 postes de travail est ainsi envisagée chez les sous-traitants. Déjà, les contrats signés avec eux stipulent qu’une partie des activités contractées doit être effectuée dans des pays à bas coût.
TouTEs les salariéEs dans les usines et les centres d’études sont visés par les attaques contenues dans le plan Renault. Le télétravail actuellement massif sur les sites de Guyancourt et de Lardy, le confinement, qui s’arrête aux portes des lieux de travail alors que le covid y sévit comme ailleurs, sont facteurs de désorganisation des ripostes.
Dans cette situation, les responsabilités sont plus précises notamment pour les syndicats non signataires, ceux de la CGT et de SUD, ainsi que pour touTEs les militantEs décidées à lutter. Le touTEs ensemble toujours indispensable se prépare maintenant.
Les suppressions d’emplois dans les usines et les filiales du groupe n’ont pas été encore abordées. La direction de Renault a choisi de découper ses attaques tranche par tranche. Mais les salariéEs n’ont pas dit leur dernier mot.