Outre des conflits emblématiques comme celui d’Air France, on assiste ces derniers mois à la multiplication de mobilisations locales, preuve que le ras-le-bol social s’exprime d’abord par le bas1
À Prosegur, société de sécurité, des dizaines de transporteurs de fonds ont fait grève, à partir du 10 septembre dernier, sur trois sites de la région Rhône Alpes comme suite à la remise en cause du mode de calcul de leur prime de congés payés. Soutenus par la CGT et SUD, il aura fallu trente-cinq jours de blocage, subir la présence de vigiles, d’huissiers et de CRS, répondre à trois assignations − toutes rejetées − devant la justice pour entrave à la liberté du travail et endurer le décès d’un des grévistes, âgé de 46 ans et père de cinq enfants, percuté par un camion sur un piquet, pour que la société se décide enfin à lâcher...
Une occupation réussie
C’est l’histoire de cinq salariés sans-papiers, surexploités par leur patron (déclarés à temps partiel, ils travaillaient en fait 54 heures par semaine et six jours sur sept) depuis des années, à la pizzeria « La Mamma » située dans le 6e arrondissement de la capitale. Après trois semaines de grève, ils ont obtenu non seulement la régularisation de leur temps de travail mais aussi de leur situation administrative. Le soutien de plusieurs structures parisiennes de la CGT a été déterminant, tout comme la présence de travailleurs sans-papiers des Yvelines qui ont récemment fait plier plusieurs boîtes d’intérim.
Victoire aussi à l’hôtel Paris W (voir l’Anticapitaliste n°307), où un protocole de fin de conflit a été signé le 22 octobre dernier : prime de repas portée de 2 à 7,05 euros, passage à une majoration de 100 % des jours fériés, etc. Soit une augmentation mensuelle de 180 euros mais aussi la transformation de CDD en CDI. La CGT HPE, qui poursuit sa lutte pour la réinternalisation du nettoyage dans l’activité hôtelière, source de dumping social et d’éclatement de la communauté de travail, marque ainsi un nouveau point.
Enfin, un débrayage a eu lieu sur les magasins Fnac Paris jeudi 29 octobre : une centaine de salariéEs se sont rendus dans le 17e sur le lieu de la négociation sur le travail de nuit et du dimanche, négociation initiée par la direction au niveau du groupe comme la loi Macron le lui permet. Cette dernière espère ainsi contourner les syndicats CGT, FO et SUD, majoritaires sur Paris et opposés à toute extension, et compte boucler son accord, avec la complicité de la CFTC et de la CGC (la CFDT est divisée sur la question) d’ici le 27 novembre prochain : « même pas en rêve », lui répondent les travailleurEs !
LD