Depuis plusieurs mois la situation s’est considérablement dégradée à l’escale Air France Orly Ouest : les logiciels fonctionnent mal suite à l’installation d’un nouvel outil informatique commun à toutes les entreprises du secteur et destiné à mieux délocaliser le travail à tout moment ; des queues interminables, avec les enfants en pleurs ; des avions en panne ; et les passagers doivent tout faire eux-mêmes : imprimer leur billet, leur carte d’embarquement, leurs étiquettes bagages, s’enregistrer de chez eux puis leurs bagages dans les machines de l’aéroport.
Quand tout marche, ça va, mais dès qu’il y a le moindre « grain de sable » dans la machine, tout pète : les passagers... et nous avec ! La grogne monte, et les agents de l’escale sont en première ligne : insultes, crachats, violences physiques deviennent le quotidien. L’encadrement supérieur demande de faire face avec le sourire, avec professionnalisme... alors que, dans le même temps, il nie les difficultés et va de réorganisation en réorganisation, supprimant toujours plus de personnel. Cette violence engendre une grande souffrance, tout cela sur fond de menaces de passer l’ensemble de l’activité Orly sous marques Hop ou Transavia, avec des statuts dégradés.Les agents craquent, pleurent, s’évanouissent, sont en dépression. Plus de 20 accidents du travail en un mois ont eu lieu en raison des risques psycho-sociaux. Et voici que le pire est arrivé : une collègue a tenté de se suicider, envoyant un courrier accusateur à sa direction : « le soir, après avoir préparé mes affaires pour le lendemain, je dis stop... Je prends tous les médicaments que je trouve entre ceux de mes enfants, mon mari et moi même, soit à peu près 90 doses d’anxiolytiques (parfois vendus complaisamment par un pharmacien pas trop regardant ; des somnifères, il suffit que vous disiez que vous travaillez à Air France pour en avoir sans ordonnance). J’ai tout avalé, je me suis couché et me suis dit que le cauchemar serait fini. Finie la boule au ventre en venant travailler. Finis les crises de voir que l’informatique ne fonctionne pas. Fini de voir qu’on n’a plus d’agrafeuse ou de stylo. Fini de voir qu’ADP [Aéroports de Paris] se fout de nous. Fini de voir que notre chef d’escale mandate un cabinet extérieur, mettant à mal l’intelligence qui nous reste... »
Le service et la santé, pas les profits !Le vendredi 4 juillet, à 11 h 15, une file d'attente monstrueuse s'étirait pour la dépose bagages. Suite à des incidents avec les passagers excédés, plus de 18 agents sont partis au médical, refusant de continuer à travailler dans ces conditions. Cela faisait aussi suite au tract de Sud Aérien, distribué la veille, qui informait de la tentative de suicide de notre collègue. Depuis, cadres et renforts sont arrivés en nombre pour renforcer l’accueil. Le CHSCT a voté une expertise pour risques psycho-sociaux. Le chemin du low cost n’est pas le chemin du bonheur, ni pour les salariéEs ni pour les passagerEs. Les salariéEs n’arrivent plus à offrir le service que les passagers attendent, pour lequel ils paient et auquel ils ont droit. Et cela, pour l’unique profit des actionnaires. Ainsi la morale à destination des salariéEs (garder le sourire, être respectueux…) s’étend à l’ensemble des passagers, menacés de poursuites judiciaires et de non embarquement sur avion s’ils protestent de trop !Il n’est pas question de faire d’Air France une pompe à fric, et d’assurer le profit des actionnaires aux dépends du service aux clientEs et de la santé des salariéEs.Jett Aelys