La lutte paie ! Ce slogan peut parfois paraître usé au regard de la situation sociale et politique. Pourtant, après le succès des travailleurs de First-Ford à Bordeaux, c’est au tour de ceux de la SBFM (Société bretonne de fonderie) à Caudan (Morbihan) de sabler le champagne. Le vendredi 15 juillet, Renault a rendu public, à la préfecture du Morbihan, sa décision d’investir 85 millions d’euros pour la modernisation de la Fonderie de bretagne (ex-SBFM).Notre camarade Pierre Le Ménahès, responsable CGT de l’entreprise, a retardé son départ en vacances pour analyser cette annonce avec les travailleurs de l’entreprise notamment lors de l’assemblée générale prévue mardi 19 juillet après-midi.Un investissement de 85 millions d’euros pour la SBFM, c’est une bonne surprise ?Bien sûr mais, en même temps, c’est la suite espérée de la mise en échec, par notre mobilisation, de l’abandon programmé de la fonderie par Renault en 2009.Précisément, que vont apporter ces 85 millions d’euros ?34 millions pour la mise en place d’une nouvelle ligne de production dont le démarrage est prévu pour 2014 et le plein régime en 2015. 11 millions pour la modernisation d’une ligne existante et 4 millions pour l'amélioration des conditions de travail et de la sécurité. 36 millions (avec participation de l'État et des collectivités locales) pour la remise en état et conformité des bâtiments.Cela correspond-il aux exigences industrielles et sociales portées par vos batailles ?Par cet investissement lourd, Renault pérennise, pour au moins sept ans, la fonderie, au-delà du bail précaire qui prenait fin en août de cette année. C’est la suite de notre victoire historique du 28 juin 2009. Cela signifie la réouverture du bureau d’embauche immédiatement pour 55 emplois mais aussi le remplacement des « départs anticipés amiante » avec une priorité pour gagner pour l’embauche des 130 intérimaires. Mais bien sûr nous devrons être vigilants tant sur le plan industriel que sur celui des embauches et des conditions de travail.Alors, victoire totale ?Avec 45 ans d’existence, la SBFM ne devait pas mourir parce que Renault avait décidé de se désengager. Fondeur, c’est un métier exigeant qui nécessite une formation, un passage des connaissances et des conditions de travail exemplaires. Nous nous battrons pour que toutes ces exigences soient respectées mais nous savons que c’est seulement par notre vigilance que cela sera possible.Donc un avenir dégagé pour les militants ?Évidemment, car nous avons la confirmation que nous avons eu raison de nous battre. C’est une étape décisive pour tous et le congrès du syndicat qui se tiendra en novembre sera celui de la victoire. Et pour ceux qui, comme moi, quitteront l’entreprise en 2012, nous aurons le sentiment de passer un témoin de lutte dans les meilleures conditions. Avec 300 syndiqués sur 440 salariés, la relève est prête pour relever tous les défis et suivre les actes de Renault au plus près, pour défendre les intérêts des travailleurs.
Propos recueillis par Robert Pelletier