Sambre-et-Meuse Feignies (59). Bien sûr, de New Fabris aux Fonderies du Poitou en passant par la SBFM et quelques autres, ce n’était pas la première fois qu’Olivier Besancenot traversait une fonderie au côté de salariéEs en lutte pour la défense de leur emploi, de leur outil de travail. Mais cette fois c’est aussi à un voyage dans le temps que notre porte-parole a été invité lundi 20 avril au côté des salariéEs de la fonderie...
Au cours de cette visite, la référence à Zola est dans toutes les têtes et sur toutes les lèvres : sols défoncés, toitures cassées laissant passer vent et pluie, certaines machines manifestement vétustes pour lesquelles il est évident que la sécurité n’est pas à l’ordre du jour, air étouffant voir irrespirable dans certains ateliers, dégagements de gaz dangereux, pollution généralisée, déchetterie à proximité, réfectoire exigu... Évidemment la transition n’en est que plus intolérable lorsque la « visite » se termine par les bureaux de la direction, où le béton détérioré et sale est remplacé par du parquet brillant... et l’air étouffant par la climatisation !
Briser le silence médiatique...
Une cinquantaine de salariés occupent l’usine depuis le 18 mars, jour de l’annonce de la liquidation judiciaire de l’entreprise (voir l’Anticapitaliste n°284). Mais autant que l’inflexibilité patronale, c’est le mur du silence qu’il est difficile d’ébranler. Annoncé dans la presse et les médias locaux, le passage d’Olivier semble avoir déclenché un réveil des forces syndicales et politiques. En tous cas, c’est l’espoir exprimé par Aurélien Motte, délégué du personnel et représentant CGT : « Nous espérons que les choses vont enfin bouger à présent, avec un écho des médias et des politiques sur le plan national. » Dès l’après-midi, le nouveau secrétaire de la fédération de la métallurgie CGT se rendait sur place. Et d’autres visites sont annoncées : Alain Bocquet pour le PCF, Nathalie Arthaud de LO, etc.
L’urgence est bien à cette popularisation pour imposer une solution industrielle qui conserve les emplois. La responsabilité du gouvernement est autant engagée que celle des patrons de l’entreprise. Ludovic Bouvier, responsable régional de la branche métallurgie de la CGT, dénonce : « On a découvert que l’an dernier, environ 29 millions d’euros de commandes de Mauritanie, du Maroc, etc., avaient été refusées (…). La seule raison, c’est une volonté de couler l’entreprise. » Selon lui, c’est une « affaire d’État : Sambre-et-Meuse avait été vendue avec l’aide de la France à UVZ, en partie contrôlée par l’État russe, dans le cadre du paquet englobant notamment les navires Mistral. L’objectif pour les acheteurs russes était de récupérer le savoir-faire unique de Sambre-et-Meuse en matière de bogies pouvant faire fonctionner un train par – 60 degrés, en Sibérie ».
… Pour sauvegarder tous les emplois
C’est dans cette situation, et alors qu’ils sont sans nouvelles des négociations pour leurs indemnités supra légales, que les salariéEs de Sambre-et-Meuse suivent dans la presse l’activité de leur ancien directeur, repreneur de l’usine MetalTemple (ex SADEFA) à Fumel en Aquitaine... elle aussi sabordée par son ex-patron (voir l’Anticapitaliste n°284).
Dans le même temps, une trentaine de salariéEs envisagent de reprendre l’usine sous la forme d’une Scop. Une reprise de l’usine, avec leur savoir-faire qui permettrait de « repartir » avec 120 salariéEs. Un projet qui pourrait bien décider des repreneurs locaux, comme AFR, à sortir du bois et à avancer eux-mêmes des propositions de reprises. L’enjeu, c’est bien sûr le maintien de la totalité des emplois. Et, là aussi, popularisation et convergence des luttes sont les meilleurs atouts.
Robert Pelletier