Selon l’Institut des politiques publiques (IPP), si, depuis le début du quinquennat Macron, le niveau de vie global a progressé de 1,6 % en moyenne sur l’ensemble de la population, le niveau de vie des 1 % les plus pauvres a baissé de 0,18 % pendant que que les 1 % les plus riches ont vu leur niveau de vie augmenter de 2,8 %.
Ce sont bien les plus riches des plus riches qui ont profité du quinquennat, selon l’IPP, avec une hausse de 4,06 % du niveau de vie des 0,1 % les plus riches de France. Autrement dit, l’effet des choix du gouvernement a bien été de creuser les écarts entre les ultra-riches et les très pauvres.
Les 1 % les plus riches (la fraction de population qui dispose en moyenne de 10 500 euros par mois) ont gagné davantage que le reste des Français, avec une augmentation de 2,8 % de leur niveau de vie (soit 3 500 euros par an). La hausse culmine même à + 4,1 % pour les 0,1 % d’ultra-riches. Dans le même temps les 5 % de ménages les plus modestes (ceux qui vivent avec moins de 800 euros par mois) ont perdu jusqu’à 0,5 % de pouvoir d’achat (jusqu’à 39 euros sur un an).
Autres temps
Il y a quelques années (décennies), les mobilisations sur les salaires se développaient le plus souvent dans les grandes entreprises de l’automobile, de l’électronique, de la sidérurgie. Une relative sécurité de l’emploi, des traditions d’implantation syndicale suscitaient une combativité qui imposait des augmentations de salaires au minimum égales à l’inflation en termes d’augmentations générales, agrémentées d’augmentations individuelles « à la tête du client » et de primes échappant plus ou moins aux cotisations sociales (intéressement, participation, etc.), censées motiver une augmentation de la productivité ou la... sous-déclaration des accidents du travail.
De justes révoltes
Les bilans économiques et sociaux de 2021 font apparaître une réalité bien différente. Ces derniers mois, les luttes pour les salaires se sont déroulées sous les enseignes de Labeyrie, Leroy Merlin, Décathlon, dans toute une série d’entreprises de l’agroalimentaire, de la distribution ou du côté des aides-soignantes. Face à ces révoltes des « premières et deuxièmes lignes » dans le contexte de la pandémie de Covid-19. le patronat fait de la résistance. Deux semaines de grève chez Leroy Merlin pour 3,9 % d’augmentation moyenne (pour une inflation annoncée à 2,8 %) avec un minimum de 65 euros. Mais plutôt que d’accorder des augmentations durables, les employeurs préfèrent jouer sur les primes non intégrées aux salaires ou des « avantages » marginaux (primes de panier, tickets restaurant, mutuelle, participation, intéressement).
Dans les grandes entreprises de secteurs comme l’automobile et leurs réseaux de sous-traitants, les inquiétudes sur l’emploi, les menaces de fermetures de sites font passer les difficultés de la « fin du mois » après les interrogations sur la sauvegarde de l’emploi.
L’ère du dialogue social
Depuis 1982 (quand le « socialiste » Jacques Delors était ministre des Finances, dans le deuxième gouvernement du « socialiste » Pierre Mauroy), la suppression de l’indexation des salaires sur l’inflation et l’instauration des Négociation annuelles obligatoires (NAO) rendant obligatoires dans les entreprises de plus de 50 salariéEs des négociations portant notamment sur les salaires et l’égalité professionnelle hommes-femmes ont progressivement tendu à institutionnaliser une négociation hors sol sans construction d’un rapport de forces s’appuyant sur la mobilisation des salariées, et plutôt réduit à un rituel comportant un débrayage plus ou moins réussi et une pseudo « avancée » patronale concédant quelques centièmes de pourcentage en général en dessous de l’inflation.
Tout indique qu’après une inflation portée à 5 % pour 2021, contrairement aux espoirs des économistes officiels, il ne s’agira probablement pas d’un phénomène de courte durée. Le gouvernement tente, dans le contexte de la pandémie, de désamorcer la montée de la colère avec la prime de 100 euros et une augmentation du SMIC de 2,2 %.
Renverser la vapeur
Face à la pression dramatique que représente la montée des prix (et d’abord celle des dépenses incontournables) sur le pouvoir d’achat notamment des plus mal lotis, l’urgence est à reconstruire un ensemble de revendications permettant une mobilisation large des salariéEs. Immédiatement, pour faire face à cette urgence sociale il faut à minima augmenter tous les revenus de 400 euros, aucun ne doit être inférieur à 1 800 euros net par mois. Il s’agit non seulement de rattraper la perte de niveau de vie des dernières années, mais aussi de permettre à touTEs d’accéder aux loisirs, à la culture, de se soigner selon ses besoins, de partir en vacances.
Mais plus durablement il faut mettre en place une indexation des salaires, de tous les revenus sur les prix. Plus que jamais l’échelle mobile des salaires doit accompagner celle du temps de travail permettant de lutter réellement contre le chômage. Des revendications qui doivent permettre des mobilisations d’ensemble dépassant les secteurs, les professions, les isolements géographiques.