Les résultats sont là ! Après trois semaines d’une grève commencée le 13 février, les 87 grévistes, soit 90 % des salariéEs de la plateforme colis ont gagné.
Ce secteur « productif » du site, mais une part trop faible des bureaux, s’est battu et a obtenu 50 euros d’augmentation générale pour toustes, avec une deuxième augmentation de 50 euros pour les ouvrierEs et maîtrise de la plateforme colis, soit 100 euros d’augmentation générale pour ces salariéEs ; une augmentation de 5 % de la prime d’ancienneté jusqu’à 18 ans d’ancienneté, et 10 % pour une plus grande ancienneté ; une prime annuelle de 50 euros pour les salariéEs ne pouvant pas utiliser les transports en commun.
Une belle bataille
Ces mesures sont applicables dès le 1er février. À cela s’ajoute une nouvelle augmentation générale de 50 euros effective au 1er août pour la plateforme colis et au 1er décembre pour les secteurs administratifs.
C’est donc une victoire importante, surtout quand on compare avec les résultats obtenus ailleurs (5 fois supérieurs au meilleur score obtenu parmi les centres Geodis). Une camarade de la CGT RATP résumait bien la situation : « au dépôt, je leur dirai que c’est la honte pour nous ! »
Mais ces sommes n’ont rien d’exorbitant au vu des 11,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisé par le groupe Geodis en 2024. Cette filiale de la SNCF, qui se définit comme un leader mondial de la logistique et du transport, emploie 53 000 personnes dans le monde. En France, il y a 253 sites.
Cette grève est une démonstration pratique que la lutte paie ! La direction de Geodis en a bien conscience et a tenté d’amortir l’impact des acquis de la grève. Après avoir cédé sur les revendications durant la deuxième séance de négociations du jeudi 6 mars, elle a tergiversé sur la signature jusqu’au 11 mars — pour finir par présenter 2 documents à la signature des délégués afin que tous les acquis n’apparaissent pas sur un seul document.
La lutte paie, s’organiser aussi
Le 13 février, les salariéEs en débrayage pour les NAO (négociations annuelles obligatoires) ont décidé avec l’appui de la CGT de transformer le mouvement en grève — mais la partie était loin d’être gagnée d’avance.
La direction Geodis se méfie des salariéEs du site de Gennevilliers, majoritairement organisés avec leur syndicat CGT : 4 grèves au long cours depuis 2015 ! Elle pensait se protéger avec l’ouverture d’une plateforme à Brie-Comte-Robert (77) au sud de Paris mais pouvant suppléer Gennevilliers, avec le perfectionnement du guidage des camions et avec la mise en place d’un volant permanent d’intérimaires (et une agence d’intérim directement sur le site !). Rien n’y a fait, la désorganisation de toute l’activité par la grève a fini par mécontenter et énerver de grosses entreprises clientes (à qui Geodis essayait de cacher cette grève).
La détermination et la cohésion des grévistes ont donc fait plier Geodis. L’organisation démocratique de la grève a été le ciment de cette cohésion : toutes les décisions, déclenchement, poursuite ou arrêt de la grève, ont été prises en assemblée générale, les initiatives (visites sur d’autres sites, visite au siège social à Levallois, blocages ponctuels, lancement d’une caisse de grève) sont décidées avec la consultation des grévistes. Les discussions peuvent être vives et passionnées, mais la décision majoritaire est appliquée sans rechigner par toutes et tous.
Des soutiens politiques
Trois députéEs LFI sont venus manifester leur soutien, ainsi qu’un conseiller régional du Parti communiste. Quelques groupes étudiantEs dont l’un lié à RP sont venus aussi soutenir le piquet de grève.
Mention spéciale au groupe Banlieue nord des Soulèvements de la Terre (logistique en lutte !), dont le soutien dynamique a été apprécié par les grévistes, et a énervé et inquiété la direction.
Le mardi 11 mars, la Fête de la victoire a commencé le matin avec la venue de Sophie Binet, présence souhaitée et applaudie par les grévistes, et une soirée festive à laquelle a participé le maire de Gennevilliers. Les grévistes ont repris le travail, confiants dans leur force et une conscience accrue de l’importance de s’organiser avec la CGT dans le face-à-face avec le patronat.
Correspondant