Alors que la campagne présidentielle de 2012 avait vu les candidats faire le tour des entreprises menacées par les plans sociaux et les fermetures, rien de tel en 2017.
Aucune chance de voir Macron, Fillon ou Hamon haranguer les salariéEs perchés sur un camion syndical comme Hollande à Florange. Aucun risque de les voir promettre nationalisations, sauvetage d’emplois ou plan social exemplaire. Autant de promesses qui ont largement contribué au désespoir social et au désarroi électoral...
Saccage social
Les salariéEs de Whirlpool en sont les premiers témoins. Depuis trois mois, ils et elles sont mobiliséEs contre la fermeture du site d’Amiens dont la direction du groupe a décidé la délocalisation de la production en Pologne. Une fermeture prévue pour le mois de juin 2008 et qui va jeter plus de 500 salariéEs au chômage, 290 salariéEs auxquels s’ajoutent 250 intérimaires employéEs quasiment en permanence et une centaine de salariéEs du sous-traitant Prima.
Depuis 2002, de plans de compétitivité en restructurations, le nombre de salariéEs y est passé de 1300 à 290... Aujourd’hui, deux ans après avoir acheté l’italien Indesit, Whirlpool prétend que l’usine d’Amiens perd de l’argent. Le groupe a pourtant réalisé 19,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2015.
Sortir du désespoir
Suivis de près par les médias, les salariéEs déclarent s’être abstenus au premier tour, certains ayant voté Mélenchon mais avec une mise en exergue par les médias de celles et ceux qui auraient voté Le Pen... Macron, originaire d’Amiens mais habitué de la Rotonde, dénonçant « les propos d’estrade qu’on ne sait pas tenir », aurait promis de se rendre sur le site dans l’entre-deux-tours. De son côté, le gouvernement prétend travailler sur un projet de reprise...
Depuis des mois, les salariéEs ont multiplié débrayages, manifestations, rassemblements. Mardi dernier, ils et elles étaient à La Défense devant le siège du groupe pour interpeller la direction et les candidatEs à l’élection présidentielle. Mais face à l’indifférence des uns et des autres, depuis ce lundi matin, un piquet de grève d’une soixantaine de salariéEs bloque les entrées et sorties des poids lourds à l’aide de pneus et de palettes enflammés, sans empêcher leurs collègues d’accéder au site afin que ces derniers « ne perdent pas une journée de salaire ». À l’entrée du site une banderole donne le ton : « Trois mois déjà et que du bla-bla ». Rien de tel pour sortir de la résignation que la pression d’un patron qui envoie des huissiers pour surveiller les faits et gestes des grévistes... Pour elles et eux, le troisième tour social, c’est maintenant !
Robert Pelletier