Le 8 mars a confirmé la force du mouvement féministe actuel à l’échelle internationale.
Contrairement à l’année passée où le 8 mars était un dimanche, il s’agissait cette année de mobiliser sur un jour de grève du travail salarié. Et c’est plutôt une réussite malgré ou peut-être à cause de l’épidémie de coronavirus.
Argentine, Grèce, Algérie, Inde…
En Argentine, les mobilisations ont été très importantes dans la foulée de la victoire pour la légalisation de l’avortement. En Équateur, au Paraguay, au Venezuela, au Brésil aussi, avec notamment des problématiques fortes liées aux conséquences de l’épidémie. Au Mexique, la dénonciation des violences et des féminicides a donné lieu à plusieurs actions spectaculaires en plus des manifestations.
En Turquie, les femmes kurdes ont manifesté malgré l’intervention de la police, en particulier pour dénoncer la situation des femmes dans les prisons. À Istanbul, une immense marche de nuit a eu lieu et la répression ne s’est pas fait attendre avec l’arrestation de 13 femmes pour insulte contre Erdogan. La dénonciation des féminicides et leur invisibilisation ont été notamment au cœur de la mobilisation.
En Algérie, dans un contexte de regain du Hirak, des centaines de femmes étaient dans la rue pour réclamer, entre autres, l’abrogation du code de la famille. Les militantes féministes présentes dans les manifestations du vendredi, les mères des disparuEs de la guerre civile étaient visibles. Et là encore, on retrouvait la condamnation des féminicides. Des manifestations ont aussi eu lieu dans d’autres villes, notamment en Kabylie.
En Inde, les femmes ont rejoint massivement la mobilisation en cours aux abords de New Delhi. Si elles jouent un rôle indispensable dans la logistique du mouvement paysan, elles y prennent également toute leur place parce que ce secteur s’est fortement féminisé ces dernières décennies. C’est donc aussi une lutte des femmes contre le inégalités, pour leur droit au travail et notamment dans l’agriculture de subsistance.
Si la manifestation madrilène était interdite, de nombreux rassemblements ont eu lieu dans les autres villes de l’État espagnol. Du fait de la pandémie, la mobilisation est en retrait par rapport aux années précédentes qui avaient connu des manifestations extrêmement massives dans le cadre d’appels à la grève suivis par des millions de personnes. Cependant le mouvement féministe reste très fort et organisé et n’est pas pour rien dans la perspective de la mise en place d’une nouvelle loi pionnière sur le consentement.
En Grèce, une vague de dénonciation des violences sexuelles et sexistes similaire au mouvement #metoo a renforcé les manifestations de ce 8 mars. En Belgique, en Allemagne, en Suisse… des manifestations ont eu lieu également.
À l’ordre du jour : coordination et extension
Ce 8 mars a une nouvelle fois confirmé plusieurs éléments. Tout d’abord la force du mouvement féministe à travers le monde entier dans une concomitance spectaculaire. Les mots d’ordre sont variés suivant les situations locales mais les questions économiques y prennent une place importante, en particulier à cause des conséquences de la pandémie qui pèsent en tout premier lieu sur les femmes. Enfin, la lutte contre les violences et la dénonciation des féminicides est également un axe partagé par toutes les mobilisations.
La coordination de nos luttes et leur extension est à l’ordre du jour. L’initiative des femmes zapatistes qui viennent « visiter les cinq continents » et qui seront en Europe durant l’été peut être une occasion de renforcer les liens, tout comme l’initiative du 5 juin à Nice « Toutes aux frontières », pour dénoncer les politiques anti-migrantEs en Europe et construire la solidarité avec touTEs les migrantEs. À l’échelle internationale, les luttes féministes allument le feu de nos résistances : unissons nos forces pour mettre fin à l’ordre capitaliste et patriarcal partout dans le monde !