« Il faut nationaliser sa production » ! En France, une femme sur trois connaîtra un avortement. Toute rupture de ce médicament est donc lourde de conséquences, puisqu’il est indispensable pour les IVG médicamenteuses, mais aussi pour l’expulsion d’un fœtus mort in-utéro. C’est insupportable de voir le ministre de la Santé, François Braun, minimiser le problème, parler de simple tension. Car toute difficulté d’accès est pour les femmes synonyme d’anxiété, de crainte de dépasser les délais, d’obligation de recourir à une technique plus lourde par aspiration, ou d’angoisse de devoir garder dans son ventre une grossesse arrêtée.
Partout l’IVG est attaquée. Aux USA, des Républicains et les anti-IVG criminalisent la commercialisation du mifépristone, l’autre médicament indispensable pour les IVG. Déjà en 1988, devant la menace de boycott des anti-IVG, Roussel-Uclaf, filiale française du géant allemand Hoechst, avait essayé d’arrêter la production du mifépristone ou RU486, dont il possédait le brevet, avant d’en céder les droits en 1997.
En France les agressions contre les locaux du Planning familial se multiplient, comme en Gironde. Le gouvernement tarde à publier le décret permettant définitivement aux sages-femmes de pratiquer l’IVG instrumentale. Les pénuries de personnels, les fermetures de maternités de proximité, qui abritent trop souvent encore les centres d’IVG, rendent plus difficile l’accès effectif à l’avortement, notamment dans les endroits isolés ou pendant les vacances.
Nordic Pharma, aux capitaux américains, possède actuellement le brevet du misoprostol. Alors que les pénuries de médicaments se multiplient, dans une interview au Monde, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, souligne que « nos droits fondamentaux, tel celui à l’IVG, ne doivent pas dépendre de laboratoires privés. La nationalisation de la production de médicaments serait une solution ». Sous le contrôle des associations féministes et des personnels de santé, aurions-nous simplement envie d’ajouter !