Faut-il rappeler que le gouvernement a depuis des mois déjà reporté sa « loi famille », pour ne pas froisser davantage les énervés bleu-blanc-rose de la Manif pour tous ?
Pour ne pas donner l’impression d’un renoncement complet, un projet de loi va être examiné fin mai à l’assemblée, concernant « l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant » (APIE). Ce texte promet des avancées intéressantes, notamment pour la reconnaissance d’un statut de beau-parent, mais on y sent également l’influence évidente des masculinistes (souvenez-vous, les « pères perchés »). En effet, on peut lire qu’en cas de séparation, un enfant sur cinq ne voit plus son père, mais rien n’indique le moindre questionnement sur cette situation. La seule solution avancée, c’est de pénaliser le parent ne présentant pas son enfant, désignant ainsi implicitement la mère comme une coupable. Par contre, aucune mention du nombre de pensions alimentaires non versées… Rien non plus sur le fait que dans 80 % des cas, les parents sont d’accord sur la résidence des enfants. Plus grave : quasi-rien sur les situations de violences subies par nombre de mères séparées, et par leurs enfants. Le mot « violence » n’apparaît qu’une fois dans l’ensemble du texte, pour signaler qu’en cas de condamnation pour des faits des violences, le parent ne pourra exiger d’être prévenu en cas de changement de résidence ou d’établissement scolaire ! On se dit que l’association « SOS papa » n’a pas été reçue pour rien par Jean-Marc Ayrault en février 2013...
Barjot peut se réjouir...C’est ensuite Laurence Rossignol, tout juste installée au secrétariat d’État à la famille, qui a ouvert ses portes aux représentants de la Manif pour tous. Qui a-t-elle convaincu en affirmant que « rencontrer la Manif ne [voulait] pas dire se soumettre à leur point de vue » ? Déjà, le gouvernement avait retiré la PMA de la loi sur le mariage pour tous, puis du projet de loi Famille, elle-même édulcorée dans le projet APIE. Il avait ensuite déclaré qu’il faudrait attendre les conclusions du comité consultatif national d’éthique (CCNE). Finalement, Laurence Rossignol n’aura même pas attendu que le CCNE se prononce : elle a annoncé que « le gouvernement s’opposerait à tout amendement sur la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homosexuels. » Voici donc le dernier épisode des reculs du gouvernement sur l’ouverture du droit à la PMA à toutes les femmes, alors que celle-ci est autorisée pour les seuls couples hétérosexuels. Frigide Barjot peut se réjouir : « sur le fond, il n’y a plus rien de contestable dans la proposition de loi APIE ». Effectivement, ce sont bien aux mouvements réacs de tous poils, ceux qui se sont forgés contre le mariage pour tous et continuent à œuvrer contre l’apprentissage de l’égalité filles/garçons à l’école, que le gouvernement a accordé des gages. Mais il n’y a pas à tergiverser : contre l’ordre moral, pour l’égalité, le NPA défend le droit à la PMA pour toutes les femmes, lesbiennes ou hétéros, célibataires ou en couple.
Catherine et Gwendo (Commission nationale intervention féministe)