Nous publions le compte-rendu des rencontres féministes d’Évry qui ont eu lieu les 2 et 3 juillet et auxquelles la commission féministe du NPA n’a pu se rendre. Les principales associations féministes se sont réunies les 2 et 3 juillet à Évry (Essonne) pour les première rencontres d’été « Féministes en mouvements ». On n’avait pas vu ce type de rencontre depuis plus de dix ans. Dès l’ouverture, à l’université d’Évry, l’amphithéâtre était plein à craquer. Selon les organisatrices, 600 militantes et une poignée de militants ont fait le voyage, un bon tiers venant des régions, dont une majorité de jeunes, preuve que le mouvement est bel et bien en train de vivre un certain renouveau. Organisées à l’initiative de l’association « Osez le féminisme ! » (OLF), ces rencontres étaient notamment l’occasion de faire entendre la voix des féministes avant l’élection présidentielle, et de réclamer l’inclusion de propositions pour l’égalité homme-femme dans les différents programmes politiques.
Après avoir débattu samedi de thèmes comme les images sexistes dans la publicité, le viol, les salaires et l’école, les participantEs ont abordé dimanche des sujets tels que l’avortement, la prostitution et la parité en politique. Lors des deux débats sur le « système prostitueur » tenus samedi et dimanche, la revendication de pénalisation du client a émergé de façon unanime. Il a été précisé que cette revendication, primordiale car normative (posant l’interdit de la violence prostitutionnelle), devait néanmoins être accompagné de trois autres mesures (éducation, alternatives proposées aux personnes prostituées, répression des réseaux proxénètes) et prendre ainsi modèle sur les 30 propositions préconisées dans le rapport Bousquet demandant lui aussi la pénalisation du client au sein d’une loi cadre. La question de la pornographie, entendue comme de la prostitution filmée et photographiée, a également été abordée dans l’atelier de dimanche et l’application stricte de la loi sur le proxénétisme à l’industrie pornographique a été demandée, non une quelconque censure. On a senti ce week-end une détermination dont le moralisme était bel et bien absent, n’en déplaisent aux détracteurs du féminisme. Au contraire, la campagne « osez le clito ! » lancée par OLF a donné lieu à un atelier sur la sexualité où l’on avait peine à trouver une place, ce qui témoigne de la pertinence de cette question « politique » comme le désignait l’intitulé de l’atelier.
Parmi les mesures réclamées par les associations figurent entre autres le rétablissement d’un ministère d’État des droits des femmes, la régularisation des sans-papiers, le développement du service public de la petite enfance, la parité effective, l’accès libre et gratuit à la contraception et à l’IVG, l’égalité salariale, la lutte renforcée contre toutes les violences faites aux femmes ou encore le droit d’asile aux victimes de violences sexistes ou sexuelles dont les femmes victimes du système prostitueur.
On peut cependant regretter des formules parfois vagues et consensuelles, insuffisamment assorties de propositions précises, ce que le collectif d’associations reproche justement aux programmes des partis politiques. Cette lacune pourrait être comblée si le mouvement poursuivait sa dynamique dans les mois à venir. Les médias étaient présents, espérant entendre parler de l’affaire DSK, à laquelle ces rencontres doivent peut-être aussi un peu de leur succès ; ils furent sans doute déçus. La porte-parole d’OLF a simplement fait une rapide mise au point à la fin du week-end : « Ce qui nous a fait réagir, ce n’est pas ce qui s’est passé… ou pas, à New York : la justice américaine en décidera. Ce qui nous a mis en rage, ce sont les propos et les blagues machistes qui ont suivi ». De façon générale, on peut se réjouir de la qualités des différents ateliers et du dynamisme du mouvement féministe tel qu’il s’est manifesté ce week-end. Gageons qu’il fera encore bientôt parler de lui.
Stéphanie Cordellier, militante féministe