Le 1er Mai, jour du muguet et fête du travail institué par Pétain ? Sans doute. Mais aussi et toujours une journée internationale de lutte, où dans tous les pays du monde, des manifestations, des grèves ont lieu.
Cette journée est née à la suite du mouvement pour la réduction du temps de travail aux États-Unis : le 1er mai 1886, les grèves pour la journée de 8 heures furent sévèrement réprimées et des militants pendus à Chicago. Un autre 1er Mai de répression lui succéda dans la ville industrielle de Fourmies, dans le nord de la France, en 1891. C’est un jour de commémoration de l’histoire du mouvement ouvrier dans le monde entier. C’est un jour de convergence des luttes qui reste complètement d’actualité : pour les chômeurs et les précaires, pour les travailleurs, les retraités qui revendiquent pour conserver des droits et pour les travailleurs qui veulent en gagner. C’est d’autant plus vrai dans l’histoire du vieux mouvement ouvrier des premiers pays industrialisés, que dans ceux qui construisent leurs organisations en Asie, au Maghreb ou ailleurs. Tous luttent pour leurs droits. Le slogan « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » n’est pas si obsolète que l’on voudrait nous le faire croire. Partout en Europe, des manifestations contre l’austérité et la crise. En France, plus de 200 000 personnes ont manifesté contre le plan de compétitivité du gouvernement socialiste et du Medef. En Italie, des défilés ont eu lieu contre la récession. En Espagne, où les jeunes sont pour plus de 50 % au chômage, c’est plus de 70 manifestations, après les marches de la dignité de fin mars contre la politique d’austérité menée depuis deux ans par le gouvernement de droite. Au Portugal, ce sont des défilés pour des augmentations de salaires, pour l’emploi contre les mesures du plan d’austérité mis en place en échange des prêts du FMI. En Grèce, où la politique de baisse des salaires, des retraites et la hausse considérable des taxes a aggravé la récession, ils étaient plus de 20 000.
Répression, interdiction, et difficile renaissanceÀ Istanbul, des heurts entre la police et les manifestantEs ont éclaté, un an après la vague de contestation qui a secoué la Turquie autour de la place Taksim. Au Cambodge, les manifestations ont eu lieu en soutien aux ouvriers des zones industrielles proches du Vietnam en grève pour des augmentations de salaires et pour la libération des 23 syndicalistes arrêtés en janvier suite aux grandes grèves de l’année dernière. Au Bangladesh, un an après la tragédie du Riazza Plaza qui a fait 1 300 morts, les ouvrières étaient vent debout pour crier leur colère. Rien à voir évidemment, avec les défilés de la place Rouge, remake des belles heures staliniennes : 100 000 personnes dans la joie et la bonne humeur, Poutine l’avait décidé, comme à l’époque de l’Union soviétique. En Chine, il n’y avait personne, mais des grèves encore et toujours. En Égypte, pas de manifestations non plus : après les manifestation obligatoires et ritualisées instituées par Nasser et ses héritiers, une nouvelle tradition peine à se reconstruire. Et en Indonésie, 17 ans après la chute de la dictature qui avait massacré plus de 500 000 communistes et anéanti le mouvement ouvrier, des travailleurs commencent à manifester à nouveau. Rien n’est définitivement perdu.
Christine Schneider