Avec le soutien du gouvernement, le Sénat a commencé l’examen d’une proposition de loi visant à faciliter le travail du 1er Mai. Le 1er Mai est à nous, défendons-le !
Le 1er Mai est le seul jour férié dont le chômage est obligatoire. Le travail n’est permis que lorsque l’activité ne peut être interrompue, et dans ce cas la journée doit être payée double.
Une entrave à la liberté d’exploiter
C’est trop pour les patrons et le bloc parlementaire bourgeois, qui prétextent un vide juridique pour s’y attaquer, car le code du travail ne définit pas le critère d’impossibilité d’interrompre le travail. Il fait cependant l’objet d’une interprétation très stricte, au cas par cas, par les tribunaux, qui ont eu à maintes reprises l’occasion de rappeler le caractère d’ordre public social du chômage du 1er Mai. Pour les patrons, l’« insécurité juridique » tient surtout au fait que les juges exigent d’eux qu’ils apportent la preuve de l’impossibilité d’interrompre le travail, alors qu’il leur suffirait de fermer l’entreprise le temps d’une journée. La situation leur est encore plus insupportable au vu des contrôles effectués par l’inspection du travail, aboutissant à des amendes pénales, perçues comme des entraves à la liberté d’exploiter.
Vers l’alignement sur le travail du dimanche
L’exposé des motifs de la proposition de loi affirme ne pas vouloir remettre en cause le chômage du 1er Mai, mais tenir compte de la particularité de certaines professions, boulangers ou fleuristes notamment, « qui participent pleinement à notre vie quotidienne et à notre patrimoine culturel ». Pour ce faire, le texte supprime le critère d’impossibilité d’interrompre le travail et aligne le régime du travail du 1er Mai sur celui du travail du dimanche, autorisé au moyen d’une liste d’établissements et de travaux pour lesquels le repos hebdomadaire peut être donné un autre jour de la semaine. Or cette liste se prête à toutes les manœuvres : d’une part, elle est facilement modifiable par décret ; d’autre part, elle fait l’objet d’intenses actions de lobbying patronal, à l’instar du secteur du commerce d’articles de bricolage qui a pu l’intégrer en 2014. En outre, le repos dominical est un des acquis les plus durement attaqués ces dernières années sous la pression des entreprises, qui finissent par obtenir la légalisation de pratiques prohibées : il est à craindre que l’adoption de la proposition de loi ne soit que le prélude à d’autres attaques.
Défendre la journée internationale de lutte des travailleurEs
Le déchaînement démagogique observé cette année contre le chômage du 1er Mai, de la ministre du Travail Catherine Vautrin annonçant qu’elle travaillerait gratuitement dans une boulangerie à Cyril Hanouna prétendant sur Europe 1 faire sauter un procès-verbal de l’inspection du travail, n’a rien d’anodin. Au-delà de l’aspect juridique, c’est bien la journée commune de lutte des travailleurEs du monde entier qui est dans le collimateur de la bourgeoisie. Moins de monde en manifestation, plus de monde au travail, c’est le rêve des patrons. Pour défendre notre 1er Mai, reprenons la rue !
Julien Dumans