Salah Hamouri est libre. Dimanche, nous étions aux côtés de sa famille et de ses amis pour l’accueillir à sa sortie de prison. Il aura fallu attendre 20 h 30 pour que les autorités israéliennes autorisent la famille à venir le chercher. Une seule voiture, deux personnes, ce sont les consignes.
Un retour à Jérusalem grandement fêté par sa famille et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), son parti politique. Un retour à Jérusalem après sept années d’emprisonnement. Salah Hamouri a été accusé d’appartenir au FPLP et d’avoir préparé un attentat. La justice militaire israélienne qui manquait de preuves a proposé un marchandage à l’époque : plaider coupable et ne faire « que » sept ans de prison au lieu des quatorze initialement prévus. Salah devait être libéré le 28 novembre, mais il sort ce soir en même temps que 549 autres prisonniers palestiniens (dont 55 mineurs et 6 femmes).
La plupart de ces détenus étaient en fin de peine. Ils faisaient partie de la deuxième vague de libération, la première ayant eu lieu il y a quelques semaines avec l’échange de Gilad Shalit contre 477 prisonniers palestiniens. Ces derniers subissent des restrictions de déplacement, la plupart ont été renvoyés à Gaza (d’où ils ne venaient pas forcément), ils ont été accueillis par le Hamas mais ne peuvent pas tous revoir leur famille car il est plus difficile de se rendre à Gaza que dans un autre pays quand on vient de Cisjordanie. Cette remise en liberté est limitée puisqu’elle envoie ces prisonniers dans une bande de terre emmurée, passant ainsi de leurs cellules sordides à une prison à ciel ouvert.
Depuis 1967, 650 000 Palestiniens ont été emprisonnés. Chaque famille connaît la détention, son arbitraire et sa violence. Ils sont plus de 6 000 prisonniers politiques dont des femmes et des enfants (incarcérés dès l’âge de 12 ans !), répartis en 20 prisons et autres centres de détention en Israël. Les conditions de détention ne respectent pas le droit international et la Fédération internationale des droits de l’homme a souvent fait remarquer ces manquements. Les présumés coupables peuvent rester 32 jours sans accès à un avocat. Dans les prisons, la nourriture et les services sanitaires sont insuffisants, les services médicaux déficients, certains détenus ne voient pas leur famille qui n’obtiennent pas de permis de visite, et plus de 85 % de prisonniers palestiniens sont victimes de torture : isolement, privation de sommeil, tortures physiques et morales, les prisonniers ne bénéficient pas de procès équitables et reçoivent des peines démesurées (parfois plusieurs fois la peine à perpétuité). Dans ces conditions, 95 % des Palestiniens choisissent de plaider coupable pour alléger leur peine.
Une fois de plus, Israël ne respecte pas le droit international. Le gouvernement a ratifié la convention internationale contre la torture mais les militaires israéliens la font subir quotidiennement aux prisonniers palestiniens selon les ONG israéliennes.
Le système carcéral israélien n’est qu’une facette d’une politique d’apartheid qui vise à parquer les Palestiniens dans des bantoustans et à casser toute velléité de résistance. Le système judiciaire israélien n’est que le reflet d’un état colonial, un état raciste, La campagne BDS veut réaffirmer le droit du peuple palestinien à son autodétermination, faire pression sur les gouvernements jusqu’à ce qu’Israël respecte le droit international.
Linda S., Rola E., Max B.