Vendredi 7 juin, le président Zelensky était invité à l’Assemblée nationale. L’instrumentalisation de l’anniversaire du Débarquement en Normandie par un président français aux abois tentant, à quelques jours des élections européennes, de se positionner en défenseur des libertés, était bien sûr écœurante. De là à ce que les députéEs de LFI apparaissent comme boycottant un président ukrainien, certes néolibéral mais représentant son peuple menacé dans son existence même par la Russie de Poutine, il y a un pas !
La principale explication de l’absence de ces députéEs apparue est celle de Jérôme Legavre, affilié par ailleurs au POI, affirmant que Zelensky n’était pas le bienvenu : il serait autant un tortionnaire de son peuple que Poutine, et il ne faudrait surtout pas fournir des armes aux UkrainienNEs. Il nous paraît catastrophique que des éluEs de gauche, de cette gauche qui s’est levée contre le massacre et les injustices sans nom que subit le peuple palestinien, pratique ici un tel « deux poids, deux mesures » dans la lutte anticoloniale, la défense du droit des peuples à résister, y compris militairement, aux États oppresseurs.
Le peuple ukrainien refuse de se livrer à l’impérialisme débridé d’un régime poutinien aux relents toujours plus fascistes. Les syndicalistes, les étudiantEs, les féministes, les militantEs LGBTI+ ukrainienNEs mènent une lutte sur deux fronts. Sur le front militaire contre les offensives incessantes de l’armée russe, les bombardements dans les zones civiles et les infrastructures, ils et elles réclament les armes leur permettant de repousser les armées russes. Sur le front social, par leurs luttes contre les mesures ultralibérales de leur gouvernement, contre les oligarques, la corruption, les injustices — et dans des conditions bien plus démocratiques que celles des populations de Russie, n’en déplaise à Jérôme Legavre, qui a manifestement tourné les dos à ces militantEs des gauches ukrainiennes, russes et biélorusses avec lesquels il est pourtant si important de consolider des relations fraternelles.
S’il y avait des choses à dénoncer lors de la réception de Zelensky à l’Assemblée, c’était d’abord l’hypocrisie de Macron ! Derrière sa communication de publicitaire, Macron aggrave l’endettement de l’État ukrainien. Avec les autres États occidentaux, il conditionne l’aide à toujours plus de dérégulation néolibérale, fait croire ici que la scandaleuse course à l’augmentation des budgets militaires et aux ventes d’armes est due à cette aide aux UkrainienNEs alors que l’essentiel va d’abord au programme nucléaire français et aux exportations militaires vers les dictatures du Moyen-Orient et d’ailleurs. C’est ainsi qu’il était possible d’affirmer sa solidarité avec le peuple ukrainien sans conforter Macron.