Alors que les élections législatives du 1er trimestre 2017 se préparent dans l’indifférence la plus totale, le gouvernement continue à se positionner en défenseur du caractère social de l’État. Mais dans la pratique, il fait exactement le contraire !
Le pouvoir continue sa politique d’intégration à la finance mondiale. Le « nouveau modèle économique », nouveau slogan du gouvernement, sonne comme un pas de plus dans le processus de libéralisation entamé il y a déjà quelque temps.
Libéralisation économique à pas cadencés
Avec 900 millions de dollars emprunté auprès de la Banque africaine de développement (BAD), salué par le milieu libéral, le gouvernement de Bouteflika annonce son renouement avec l’endettement extérieur. Il offre à l’occasion de nouveaux avantages aux investissements étrangers, notamment dans l’assouplissement de la règle des 51/49 % qui constitue le verrou du code de l’investissement en Algérie, et cela dans le but « d’attirer des Investissements directs étrangers (IDE) ». Dans ce cadre, Abdesselam Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, proclame que le gouvernement crée une « dynamique sans précédent qui vise, à moyen terme, une intégration effective et positive de l’économie algérienne dans le système économique mondial ». Pourtant, la réalité est à l’encontre de cette intégration « positive ». L’accord d’association avec l’Union européenne a permis à l’Algérie d’exporter pour 12 milliards d’euros vers l’Union européenne. Mais cette dernière a exporté l’équivalent de 195 milliards d’euros vers l’Algérie !
Sur le plan des subventions, la politique gouvernementale, relayée par la critique libérale, s’attaque aux maigres aides de l’État des produits de base (lait, pain, sucre, etc.) encore en vigueur. Et les classes populaires de subir ainsi une réduction des subventions sur les produits de première nécessité, une hausse de 2 % de la TVA, une hausse des tarifs de l’énergie et par conséquent des transports… Le blocage des recrutements dans la fonction publique et le gel de certains investissements publics feront grimper le chômage.
Dans le même élan, la loi sur les retraites des salariéEs, loi qui leur interdit le départ en retraite à l’issue de 32 années de travail, est toujours en vigueur malgré l’amendement « oral introduit sur instruction du président de la République », selon le rapport fait par le ministre du Travail à l’Assemblée. Cette mesure prépare la casse du système de protection sociale.
En revanche, les contributions et autres avantages pleuvent sur les possédants et les classes dominantes à travers l’abaissement du taux de la taxe sur l’activité professionnelle, l’absence d’impôt sur la fortune, le laxisme fiscal... Au même moment, l’exécutif prépare la privatisation des entreprises publiques par l’entrée des hommes d’affaires dans leur capital. Il « régularise » les situations acquises dans « l’informel » (télévisions offshore...) et ouvre la voie à la création d’hôpitaux et d’universités privés…
Une mobilisation limitée
Pour faire face à ces attaques, les travailleurs se mobilisent à l’appel de la coordination des syndicats autonomes ou des structures combatives de l’UGTA. Les chômeurs de la ville pétrolière d’Ouargla affiliés à la CNDDC marchent. Les étudiants inquiets pour leur avenir se mobilisent à Boumerdes, Oran, Constantine… Les habitants des villes et villages du pays dénoncent la cherté de la vie (Adrar, Ouargla, Béchar, El Oued…) et manifestent leur mécontentement. Mais la résistance reste laborieuse. Ainsi, les dernières manifestations sur les retraites organisées par les syndicats autonomes sont restées en deçà des mobilisations souhaitées : la retraite n’est pas mobilisatrice au même titre que les revendications salariales, souligne le secrétaire général du CLA, d’autant plus qu’il y a de plus en plus de travail informel et précaire qui préoccupe le monde du travail.
Face à l’inquiétude et au mécontentement légitimes qui s’amplifient, le pouvoir refuse toute concertation et réprime. Les atteintes aux libertés démocratiques se multiplient.
Devant la dégradation de la situation, l’heure est à la résistance contre la politique de spoliation des richesses et de l’économie nationale au profit d’une minorité d’affairistes algériens et d’entreprises étrangères. Il faut continuer à dénoncer la remise en cause des acquis sociaux et la répression dont sont victimes les classes populaires et leurs représentants syndicaux, associatifs, politiques, et apporter le soutien plein et entier aux luttes des travailleurs, des chômeurs, des étudiants en vue d’une convergence démocratique, antilibérale et anti-impérialiste, pour construire une alternative populaire à l’actuelle politique.
D’Alger, Nadir Djermoune