Le régime autoritaire algérien continue à domestiquer toute voix d’opposition à sa politique libérale-autoritaire que le hirak a ébranlée un certain 22 février 2019.
Ce mouvement de protestation populaire a réclamé la fin d’un système d’oppression politique, de prédation des ressources financières et de paupérisation de la société. Il a eu comme réponse une répression massive où les activistes et figures reconnues du hirak ont eu droit à un arbitraire sans précédent du pouvoir où arrestations, poursuites judiciaires, interdictions de sortir du territoire national se sont démultipliées, créant une véritable « terreur » dans les milieux activistes du hirak et même au sein de la diaspora parisienne, canadienne ou autre.
Radio M dans le viseur
Tous les champs d’activité sont touchés et en particulier la presse, privée ou publique, totalement neutralisée par le pouvoir algérien. Radio M a accompagné le hirak, faisant parler librement ses acteurs, et nourrit des analyses très critiques envers Tebboune et l’armée qui l’a placé au pouvoir : Radio M a été mis sous scellés et son gérant arrêté et jeté en prison. S’y sont exprimés aussi bien des journalistes critiques, des personnalités libérales, pro-islamistes que de la gauche, y compris les portes-voix du MDS, du PT ou du PST ou des syndicalistes.
En détention préventive depuis son arrestation la veille des fêtes de Noël (vers minuit, heure illégale d’arrestation sauf en cas de flagrant délit ou crime), El Kadi Ihsane, le gérant du média web croupit dans les geôles du régime, dans des conditions qu’il a estimées « très difficiles » et surtout affecté par la fermeture illégale et arbitraire des locaux de Radio M qui, jusqu’à preuve du contraire, n’est concernée par aucune instruction judiciaire. C’est la pratique classique des dictatures, on arrête d’abord et on essaye de prouver ensuite. Le collectif des avocats a dans une conférence ce samedi 7 décembre, démonté l’illégalité de l’arrestation, de la procédure et des chefs d’inculpation comme le « financement de l’étranger destiné à mettre en danger la nation ».
Se mobiliser contre l’arbitraire en Algérie
L’arrestation de El Kadi Ihsane s’ajoute à celle de centaines de détenuEs d’opinion qui croupissent en prison. Le pouvoir, profitant de la géopolitique gazière provoqué par le conflit ukranien qui implique complaisance et silence des « démocraties impérialistes », trace sa feuille de route tranquille pour préparer un deuxième mandat de Tebboune et empêcher des voix d’oppositions potentielles comme celle des activistes du hirak ou de Radio M de El Kadi Ihsane. Le modèle autoritaire et répressif du pouvoir militaro-policier de Tebboune semble cohabiter très bien avec les jeux d’intérêts impérialistes américano-européens (où la France est de plus en plus minorisée), et explique que derrière cette enveloppe autoritaire et répressive se trace une feuille de route néolibérale où les politiques publiques antisociales et pro-libérales se conjuguent avec l’accès simplifié aux IDE (investissements directs étrangers) des firmes multinationales pour exploiter et privatiser nos ressources minières, agricoles et énergétiques dont les hydrocarbures.
Le pouvoir répressif de Tebboune ne se donne pas de limites pour briser les voix d’opposition à sa fameuse « Nouvelle Algérie ». Reste que la mobilisation internationale encourageante autour de l’arrestation de El Kadi Ihsane ainsi que les rassemblements organisés par la diaspora auxquels le NPA a été présent (celui du Trocadéro le samedi 7 janvier à Paris) et des articles très dérangeants des médias français, européens, canadiens et américains participeront sans doute à éviter le pire pour El Kadi Ihsane et tous les détenus d’opinion. La mobilisation doit continuer car l’arbitraire doit cesser.