Cette semaine verra la reprise à Munich de l’un des procès les plus spectaculaires de l’Allemagne contemporaine. Une douzaine de néonazis, dont quatre comparaissent détenuEs, sont accuséEs d’avoir soutenu une cellule terroriste baptisée « Nationalsozialistischer Untergrund » (Clandestinité national-socialiste).L’accusée principale, Beate Zschäpe, est considérée par l’accusation comme le seul membre survivant de ce groupuscule armé néonazi, alors que les deux autres activistes reconnus comme membres, Uwe Mundlos et Uwe Bönhardt, se sont suicidés le 4 novembre 2011 à Eisenach. Le NSU, dont on peut toutefois supposer qu’il comportait d’autres membres, est rendu responsable de la plus longue série de crimes fascistes de la dernière période historique. De 2000 à 2007, il a au moins assassiné neuf commerçants d’origine immigrée, posé deux bombes dans des commerces ou des rues marqués par l’immigration, et tué une fonctionnaire de police… fort probablement parce qu’elle en savait un peu trop sur les contacts néonazis de certains de ses collègues.
L’État impliquéOutre la condamnation d’individus responsables de crimes atroces, le principal intérêt du procès réside dans les révélations qui l’accompagnent. Même les médias bourgeois ne dissimulent plus le fait que le noyau dur du groupe néonazi, officiellement dans la clandestinité pendant 14 ans et disposant d'un réseau de soutien, a été largement couvert par les services étatiques, et notamment par la police politique du pays, officiellement dénommée VfS (Office de protection de la Constitution).Un fonctionnaire permanent du VfS, un certain Andreas Temme, se trouvait à l’intérieur du cybercafé dont le gérant fut assassiné par le NSU en avril 2006 à Kassel. Selon ses données de connexion, il était officiellement en ligne jusqu’à 40 secondes avant la découverte du cadavre. Or, le VfS refusa qu’il soit interrogé par la police judiciaire. Les offices régionaux et fédéral du VfS ont détruit entre 300 et 400 dossiers nominatifs entre novembre 2011 (date de la découverte du NSU et du suicide des « deux Uwe ») et juillet 2012…Les antifascistes aimeraient bien en savoir davantage sur l’implication de certains services de l’État, historiquement créés par d’anciens nazis et toujours considérés avant tout comme des instruments de lutte contre « le communisme ». Or, il est improbable que les maîtres de la procédure judiciaire veuillent élucider la totalité de ces aspects.
Bertold du Ryon