Publié le Mercredi 16 février 2011 à 14h54.

Au tour de l’Algérie ?

Après les premières victoires de la révolution en Tunisie et en Égypte, nombreux sont celles et ceux qui ont les yeux braqués sur l’Algérie.Toutes les raisons objectives sont réunies. Grâce à la rente pétrolière et gazière, l’Algérie est un des rares pays à ne pas avoir de dette publique. Au contraire, après que les trusts pétroliers dont Elftotalfina, que les généraux et les divers niveaux de corruption se sont partagés la manne, il reste 155 milliards de dollars dans les cassettes de l’État algérien, dont le peuple est spolié. La colère sociale couve : 10 500 émeutes ont été recensées en 2010.

Pendant cinq jours en janvier, la révolte de la jeunesse a embrasé le pays. Ces dernières semaines, des dizaines de tentatives d’immolation expriment le refus désespéré de la misère et des humiliations. Les grèves se multiplient dans les grandes entreprises comme Arcelor Mittal Annaba, mais aussi dans de plus petites et le secteur public. Des jeunes chômeurs marchent, organisent des sit-in, affrontent la police pour exiger des emplois. De nouveaux logements sociaux à peine terminés sont squattés par centaines. Dans les universités, des grèves se développent, mêlant le refus de réformes universitaires et la revendication de droits démocratiques. Le point faible est le manque d’expression politique capable d’unifier cette contestation sociale multiforme.Le seul cadre existant, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, regroupant des dizaines d’associations et de syndicats indépendants, a organisé des marches le 12 février. Malgré le blocage d’Alger et le déploiement de dizaines de milliers de policiers, des milliers de personnes ont marché dans la capitale et les grandes villes pour réclamer les libertés démocratiques, la justice sociale et que le pouvoir « dégage ». Quels seront les rythmes et les étapes ? De nouvelles manifestations sont prévues pour le 19 février, elles permettront de mesurer l’approfondissement de la mobilisation. L’Algérie est entrée dans la vague qui, de la péninsule arabe au Maroc, soulève la classe ouvrière et la population pour la démocratie et la conquête de droits sociaux contre les dictatures et leurs commanditaires impérialistes, à commencer par l’impérialisme français.

Cathy Billard