Publié le Mardi 16 décembre 2025 à 10h03.

Aux États-Unis, les travailleurEs de Starbucks en grève pour un contrat syndical

Des milliers de salariéEs de Starbucks poursuivent leur lutte pour obtenir un contrat syndical, à travers des grèves et des rassemblements dans tout le pays. 

La dernière vague de grève a débuté le 13 novembre et se poursuit de manière intermittente dans des magasins à l’échelle nationale. À la mi-décembre, environ 3 800 baristas de Starbucks étaient en grève dans plus de 180 établissements, répartis dans plus de 130 villes. Le syndicat, Starbucks Workers United, revendique au total 14 000 membres dans environ 650 magasins.

Des revendications syndicales

La grève prolongée a commencé avec la « Red Cup Rebellion » le 13 novembre 2025 : une grève d’une journée organisée le jour où l’entreprise offre à sa clientèle un gobelet rouge réutilisable gratuit. Depuis, le mouvement se poursuit dans certains lieux. Les travailleurEs exigent des salaires plus élevés, des effectifs renforcés et la fin des pratiques antisyndicales.

À Manhattan, à la mi-décembre, des membres du syndicat Starbucks ont exigé de rencontrer des dirigeantEs de l’entreprise dans leurs bureaux de l’Empire State Building. Les cadres ont refusé, et les 500 travailleurEs et soutiens ont bloqué l’entrée — certainEs ont été arrêtéEs.

Rey Shao, barista présentE au rassemblement de New York, a déclaré à Labor Notes : « Nous avons besoin de plus de salaire net, de meilleurs horaires… Apportez-nous de nouvelles propositions qui répondent réellement à ces problèmes afin que nous puissions finaliser un contrat. »

Des soutiens politiques

La grève a reçu le soutien de figures politiques socialistes médiatiques, telles que le maire élu de New York Zohran Mamdani, le sénateur Bernie Sanders et la maire élue de Seattle, Kate Wilson. Rejoignant un piquet de grève à Seattle, Wilson a appelé au boycott en déclarant : « Je suis fière de me joindre à leur piquet de grève et de dire haut et fort que je n’achète pas Starbucks, et que vous ne devriez pas non plus. » Elle a ensuite conduit le rassemblement dans le slogan bien connu : « Quand les droits des travailleurEs sont attaqués, que fait-on ? On se lève, on se bat ! » De la même manière, Mamdani a publié : « Tant que les travailleurEs sont en grève, je n’achèterai pas de Starbucks, et je vous demande de nous rejoindre. » Une centaine de membres du Congrès soutiennent la grève, ainsi que de nombreux éluEs locaux.

Starbucks Workers United est affilié au Service Employees International Union (SEIU), qui compte deux millions de membres aux États-Unis et au Canada, ce qui en fait le deuxième plus grand syndicat des États-Unis.

À l’heure actuelle, l’entreprise et le syndicat ne négocient pas, chaque camp estimant que l’autre fait preuve d’intransigeance.

Le soutien aux syndicats et à la campagne de Starbucks est largement répandu aux États-Unis. Mais celle-ci fait face à un combat difficile contre une multinationale valant plusieurs milliards de dollars, qui traverse par ailleurs une crise économique. La campagne a débuté en décembre 2021 à Buffalo, dans l’État de New York, où le syndicat des travailleurEs a été reconnu légalement pour la première fois. Depuis, 640 magasins ont été syndiqués — mais aucun n’a encore obtenu de contrat collectif.

Faire face à l’intransigeance patronale

Si le syndicat revendique 14 000 membres dans environ 650 magasins, cela ne représente qu’une infime partie des 200 000 baristas employés par l’entreprise dans plus de 17 000 établissements aux États-Unis. Pour empêcher l’organisation syndicale et les négociations contractuelles, Starbucks a eu recours au harcèlement, a licencié des salariéEs et fermé des magasins. En raison de ces pratiques illégales, Starbucks a récemment accepté de payer 35,5 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 3,4 millions de dollars de sanctions civiles, pour violation de la loi new-yorkaise sur les horaires de travail équitables (Fair Workweek Law). Mais cela reste une exception à l’échelle nationale.

Starbucks, malgré sa taille et son omniprésence, traverse actuellement une crise financière et mène une restructuration d’un milliard de dollars. Dans ce contexte, son chiffre d’affaires a augmenté de 5,5 %, mais ses profits ont chuté de 85 %, pour atteindre seulement 133 millions de dollars. En conséquence, l’entreprise a licencié près de 2 000 salariéEs hors commerce de détail (c’est-à-dire non baristas) et ferme 400 magasins, soit environ 1 % de l’ensemble de ses points de vente. La direction espère stabiliser la situation l’an prochain, mais d’ici là, cette crise ne fera que renforcer son intransigeance.

Le syndicat est tout aussi déterminé. Les grèves et les rassemblements se poursuivent donc à travers tout le pays. Sur les pancartes des travailleurEs, on peut lire : « Pas de contrat, pas de café. »

Dan La Botz