Lentement mais sûrement, la crise s’installe en Belgique. L’inflation, en particulier sur les prix de l’énergie, frappe durement les classes populaires. Les mobilisations se multiplient mais manquent d’une riposte coordonnée et combative, capable de faire trembler le gouvernement et le patronat.
Le 9 novembre, une grève nationale interprofessionnelle mettait la Belgique partiellement à l’arrêt, à l’appel du front commun syndical. Le mouvement a été largement suivi dans de nombreux secteurs et régions.
Ce fut le cas par exemple dans le secteur aérien : avant même le début de la grève, tous les vols au départ et à destination de l’aéroport de Charleroi étaient annulés. Plus de la moitié des vols étaient annulés préventivement à Brussels Airport (ce qui montre par ailleurs l’efficacité redoutable que pourrait avoir une intervention décidée de la classe travailleuse dans la lutte climatique !).
Ce fut le cas également dans le commerce (centres commerciaux), les titres-services (secteur du nettoyage), la santé (hôpitaux), les transports en commun, l’enseignement, les administrations publiques, la pétrochimie et l’industrie en général (site de TotalEnergies dans le zoning industriel de Feluy, port d’Anvers, Alstom à Charleroi, Audi à Forest, etc.)
Les raisons de la colère sont multiples mais convergent toutes vers une même conséquence : les fins de mois sont de plus en plus difficiles pour la classe travailleuse et les classes populaires. Les prix de l’énergie explosent, entraînant avec eux l’inflation ; la loi de 1996 bloque toute marge de négociation pour des augmentations salariales ; l’indexation automatique des salaires sur l’inflation est constamment remise en cause par le patronat.
À la base, combativité et volonté de continuer
C’était sur toutes les lèvres le 9 novembre, lors de la journée de grève interprofessionnelle : « Il ne faut pas s’arrêter là ». Et les mobilisations du monde du travail se multiplient : après une grève du rail du 5 octobre, les cheminots de la SNCB étaient de nouveau en grève le 29 novembre, et le Syndicat autonome des conducteurs de train appelait à prolonger la grève les 30 novembre et 1er décembre.
Les cheminots réclament plus de moyens et d’investissements dans rail, mais aussi « de mettre un terme à la dégradation persistante des conditions de travail, principalement le manque de personnel ».
Le 16 novembre, c’était le Centre public d’action sociale (CPAS) de la région bruxelloise qui était en grève. Et un appel est à nouveau lancé pour le 15 décembre. Les travailleurs et travailleuses de ces institutions voient exploser le nombre de demandes d’accès au revenu d’intégration sociale (ce qui donne une idée de l’ampleur de la crise qui vient). Ils et elles dénoncent un manque d’effectifs et une surcharge de travail, et demandent un refinancement structurel ainsi qu’une revalorisation salariale, entre autres revendications.
Du côté du gouvernement, les sorties médiatiques suite au rapport de la Commission européenne sur le budget de la Belgique, « mauvaise élève » en termes d’endettement, ne laissent rien présager de bon : il y aura des coupes (encore plus de coupes) dans les budgets publics dans les prochaines années.
C’est dans ce contexte que le syndicat FGTB a annoncé une nouvelle mobilisation pour la semaine du 12 décembre, une manifestation qui pourrait être suivie d’autres grèves.